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Aristide Croisy, statuaire : vie et œuvres majeures

Sa vie

Aristide Onésime Croisy naît le 31 mars 1840 à Fagnon, petit village situé à sept kilomètres de Mézières. Sa mère Marie Charlotte Villière est couturière, son père Louis Adolphe maître maçon, sera chargé quelques années plus tard de la restauration des remparts de Mézières, ville où il s’installera pour quelque temps. Il faut noter que le grand-père d’Aristide, Jean-Baptiste, était tailleur de pierres à Fagnon et qu’il y fut maire.

Aristide Croisy, portrait de son grand-père Jean-Baptiste Croisy
Aristide Croisy, portrait de son grand-père Jean-Baptiste Croisy

A onze ans, Aristide Croisy entre au collège de Mézières où il est remarqué pour ses talents de dessinateur. Enfant, il avait sculpté une tête d’homme avec difficulté dans la pierre dure de Fagnon. Vers ses seize ans, il réalise une petite statuette représentant sa grand-mère dans un fauteuil lisant son missel. Son père regrette de voir Aristide « perdre son temps » car il aurait aimé le voir comme lui dans le bâtiment ; pour autant, il ne s’oppose pas au souhait de son fils.

C’est à l’âge de seize ans que l’adolescent part pour Paris où il travaille dans l’atelier du sculpteur Armand Toussaint (1806-1862). En mars 1857, il passe le concours d’entrée de l’Ecole des Beaux-Arts sections sculpture peinture, mais échoue. Il repasse le concours lors de la session d’octobre, le réussit et intègre la prestigieuse école dans l’atelier de Armand Toussaint, avec pour maîtres Auguste Dumont (1801-1884) et Charles Gumery (1827-1871).

À l’écoute de ses maîtres, ses talents et aptitudes se voient reconnus. Ainsi, en 1863, il reçoit le « deuxième grand prix de Rome » pour sa sculpture avec le sujet imposé « Nisus et Euryale ». Selon Théophile Gautier, membre du jury, il méritait le premier prix.

Sculpture Nisus et Euryale par Aristide Croisy
Sculpture Nisus et Euryale par Aristide Croisy (Réserves du Musée de l’Ardenne à Charleville-Mézières)
Image tirée du bulletin Qué nouvelles à Fagnon numéro 2 Spécial Souvenir

En 1865, à ce même concours du Prix de Rome dont le sujet est « la Fondation de Marseille », il obtient avec son bas-relief en plâtre le « premier second grand prix de Rome » juste derrière Louis-Ernest Barrias. Le jury ayant beaucoup hésité entre les deux œuvres, le surintendant des Beaux-Arts, en lui remettant son prix lui confie :

« À mes yeux, vous méritez le prix tout aussi bien que votre concurrent Barrias. Personnellement, j’aurai été fort embarrassé de désigner celui des deux émules qui devait prendre le premier prix ».

À partir de 1867, Aristide Croisy présente Au Salon des Artistes français, une ou plusieurs œuvres, projets en plâtre ou versions terminées en marbre ou bronze. (Les œuvres d’Aristide Croisy au Salon)

Lors de la guerre de 1870-1871, il quitte Paris et installe un atelier à Mohon, rue Etienne Dolet. Il y exécute plusieurs bustes de ses contemporains ainsi que des tombeaux, dont celui de Jean-Baptiste Brézol, maître de forges. On y voit un ouvrier fleurir le buste de son patron pour lui témoigner sa reconnaissance. On peut toujours le voir au cimetière de Mohon.

Monument à Jean-Baptiste Brézol
Monument à Jean-Baptiste Brézol, cimetière de Mohon
Image tirée du bulletin Qué nouvelles à Fagnon numéro 2 Spécial Souvenir

Peu après la guerre, Aristide Croisy retourne à Paris, rue Vavin où il possède un hôtel particulier. Il reçoit et honore de nombreuses commandes publiques ou privées. Il réalise pour Charleville un groupe intitulé « L’Invasion » ou « Monument aux Ardennais morts pour la Patrie », pour lequel il obtient la médaille de 3e classe au Salon de 1873. Ce groupe est inauguré le 27 septembre 1874 en bas des Allées à Charleville (pour connaître l’histoire de ce monument).

Le 20 octobre 1875, il épouse à Charleville la fille d’un imprimeur carolopolitain, Louise Pouillard. De cette union naissent six enfants, Jeanne, Marguerite, Jacques, Suzanne, Charlotte et Pierre. Jeanne et Marguerite sont représentées dans son œuvre « Le Nid » exposée au Salon en 1880 et 1882.

Louise, du moins officiellement, exposera au côté de son mari au Salon de 1888 un buste en plâtre appelé « Jeanne », en réalité, le buste présenté est exécuté par Aristide, qui de cette manière peut dépasser le nombre autorisé d’œuvres exposées..

Louise Pouillard épouse d'Aristide Croisy au Salon des artistes français en 1888
Louise Pouillard, épouse d’Aristide Croisy au Salon des artistes français en 1888 « Jeanne », buste en plâtre Salon de 1888 Catalogue illustré Peinture et sculpture Librairie d’Art Ludovic Baschet, éditeur

Le couple retourne habiter à Paris. A partir de 1876, Aristide est chargé de la restauration des vingt huit statues en pierre de la balustrade de la chapelle au Château de Versailles jusqu’en 1879. Dans le même temps, il travaille pour la manufacture de porcelaine de Longwy et expose à Charleville faïences et sculptures dans les vitrines du libraire Letellier ou du miroitier Baudson.

Il participe à l’exposition universelle en 1876 à Philadelphie aux États-Unis avec une statue en plâtre « Le Moissonneur ». Pour l’exposition universelle de 1889 à Paris, il réalise « La Paix et la Concorde » au fronton du dôme central de l’Exposition.

Carte postale Dôme central de l'Exposition universelle de 1889
Carte postale Dôme central de l’Exposition universelle de 1889

En 1883, le sculpteur est chargé de la reconstitution du « bassin du Dragon » du Château de Versailles. En 1889, il crée la statue « Mercure » dans le jardin du Palais Royal, puis le fronton monumental de la Bourse de Commerce de Paris représentant la « Ville de Paris » sculptée dans la pierre et entourée de deux allégories féminines figurant « le Commerce et l’Abondance ». A Paris toujours, il décore la façade de la mairie du 19e arrondissement à hauteur du 1er étage du pavillon central de deux allégories. Puis par la suite et parmi ses principales œuvres : « L’Architecture », une statue dans la cour du Vieux Louvre et pour l’Hôtel de Ville, quatre bas-reliefs idéalisant « les Saisons ».

Pour l’étranger, il réalise la statue du héros national du Costa Rica, Juan Santamaria érigée sur la place centrale d’Alajuela. Juan Santamaria, soldat costaricain, perdit la vie lors de la bataille de Rivas le 11 avril 1856, dans une action héroïque pour laquelle il s’était porté volontaire : il mit le feu au fort où s’étaient réfugiés les adversaires, s’assurant ainsi la victoire dans la bataille. Il est représenté en jeune soldat portant un fusil dans une main et une torche enflammée dans l’autre.

Timbres du Costa Rica représentant la statue de Juan Santamaria par Aristide Croisy
Timbres du Costa Rica représentant la statue de Juan Santamaria par Aristide Croisy

A Soumy, en Ukraine (Russie à l’époque), il s’occupe des monuments funéraires de la famille Kharitonenko, richissime industriel, dont il avait présenté divers éléments aux salons de 1891, 1894 (calvaire, groupe en marbre). Durant les derniers mois de sa vie, Aristide Croisy supervise les travaux du sculpteur russe Alexandre Opékouchine à la réalisation d’une monumentale statue érigée le 1er octobre 1899, à Soumy toujours, en hommage à Ivan Kharitonenko (tout sur ces monuments de Soumy)

Sa santé se détériore à partir de l’année 1889. La Vie ardennaise illustrée en date du 2 septembre au 7 octobre 1899 écrit :

« Malheureusement en plein essor, alors que tout lui réussissait pour un avenir célèbre, un mal mystérieux et profond vint le frapper. En proie à des douleurs continues, ce colosse qui semblait défier le temps, lutta pendant des années avec une fermeté stoïque, sans cesser jamais de travailler et cela avec une surprenante énergie. En lui, l’artiste se soutenait, comme un étranger à l’affection qui minait sa constitution si robuste. Son corps souffrait et s’affaiblissait, mais jamais son courage, son énergie, ni son amour de l’art.
Depuis deux ans, le mal de plus en plus cruel détruisait ce qui lui restait de force et rien ne put arrêter le Destin dans son œuvre fatale : ni l’amour de sa famille, ni les soins infatigables de sa digne et courageuse compagne, sur laquelle il s’était appuyé toute sa vie. »

Aristide Croisy s’éteint le 7 novembre 1899 dans sa propriété de Fagnon où il aimait venir se reposer. Ses dernières recommandations :

« Je veux un cercueil en chêne, sans ornement, avec deux seules poignées ; dans ce cercueil une enveloppe de plomb qui protègera mon corps. Mais ne m’y enfermez, car je pourrai n’être qu’en léthargie, que lorsque sera venue la décomposition du cadavre ; et surtout, pour vous être bien assuré que je suis mort, faites promener le feu sur mes talons. »

Annonce du décès d'Aristide Croisy
Annonce du décès d’Aristide Croisy dans Le Journal des Artistes du 12 novembre 1899

Ses obsèques ont lieu le 9 novembre, en présence de son épouse, ses enfants, quelques personnalité. M. Vigneron, secrétaire de la Société des Artistes français a prononcé l’adieu ; puis le cercueil est descendu dans le caveau de la famille, caveau surmonté d’un monument en bronze, œuvre de Croisy lui-même, datant de 1894, et représentant Jésus sur sa croix.

Outre les nombreuses fleurs et couronnes, citons :

« une splendide couronne en chrysanthèmes, offerte par la Société des artistes français ; une autre couronne, en immortelles largement crêpée ; celle-ci offerte par Ulysse Gravigny, l’architecte du « monument de Sedan ». La famille russe pour laquelle fut fait le « Calvaire » – une des œuvres de Croisy parmi ses meilleurs, – avait envoyé une originale couronne en faïence, ayant des fleurs en relief. » Albert Meyrac dans Le Petit Ardennais du 10 novembre 1899

Jésus sur la croix, monument sur le caveau de la famille Croisy qui reprend le haut du monument funéraire de l’industriel Ivan Kharitonenko (sans les deux personnages du bas)

Aristide Croisy avait reçu en 1866 le « Prix de la tête d’expression » pour son œuvre « La Foi religieuse ». Ce prix ayant pour objectif d’améliorer la représentation de l’expression des passions et propose aux artistes d’étudier la partie négligée de la statuaire grecque où l’expressivité n’est exprimée que par les corps.

En 1895, il était nommé « Rosati d’honneur », société reconnue pour sa participation active à la vie culturelle et artistique des régions septentrionales.

Par décret du 28 août 1885, il était fait « Chevalier de la Légion d’Honneur », suite à la réalisation d’une œuvre majeure : le soubassement du monument en l’honneur de son ami et compatriote le Général Chanzy « L’Armée de la Loire de 1870-1871 » dans la ville du Mans. La statue est signée Gustave Crauk (1827-1905) (voir l’histoire de ce monument).

Extrait du récépissé de décoration d'Aristide Croisy au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur
Extrait du récépissé de décoration d’Aristide Croisy au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur : « Je soussigné reconnais avoir reçu la décoration de Chevalier de la Légion d’honneur, qui m’a été remise par le Ministre de la guerre au nom du Ministre de l’instruction publique et des beaux-arts. A Fagnon (Ardennes), le 7 septembre 1885 »

Aristide Croisy, comme Aimé Millet (1819-1891), fait partie de ces quelques sculpteurs qui ont réalisé des monuments à la mémoire des combats de 1870-1871 :

« Ils dessinent l’archétype préfigurant l’image du Poilu. C’est la figure du Mobile avec son chassepot et son uniforme, à la fois jeune et viril, dressé contre les « hordes prussiennes », ancêtre du Boche à venir. Si le « Moblot » peut être blessé ou tenir entre ses mains les Trois couleurs, il reste toujours héroïque. Sa statue, souvent en bronze, est produite de manière industrielle comme les monuments des fêtes de l’armistice. Les fonderies de Haute-Marne et Meuse produisent en effet quantité de sculptures pour des sommes variant de mille à deux mille francs pour la statue d’un seul soldat selon les catalogues de la Maison Durenne ou des Établissements Barbedienne ». Revue Historique des Armées – 2014

En ce qui concerne notre statuaire et à propos de son sous-bassement exécuté au Mans en 1885 en hommage au Général Chanzy et à l’Armée de la Loire, trois personnages ont été sélectionnés pour être dupliqués en fonte :

  • La Défense du Drapeau, vieil officier barbu tenant farouchement son drapeau, que l’on retrouve à Montoire, Biarritz, Pont-Sainte-Maxence, Fauquembergues, etc…
  • Le Mobile, soldat moustachu d’âge mûr avec son fusil à tabatière, fantassin des bataillons départementaux de la garde nationale mobile, que l’on retrouve à Arras, Sainte-Anne-d’Auray, Abbeville, Rimogne, Hesdin, etc…
  • Le Fusilier-marin, jeune marin imberbe avec son chassepot, que l’on retrouve à Quimper, Berck etc.. Une réduction se trouve au Musée municipal de Sedan.
Monuments aux morts de 1870-1871 La Défense du Drapeau à Pont-Sainte-Maxence 1907 (Oise) Le Mobile à Rimogne 1904 (Ardennes) Le Fusilier-marin à Berck 1913 (Pas-de-Calais)
Monuments aux morts de 1870-1871
La Défense du Drapeau à Pont-Sainte-Maxence 1907 (Oise)
Le Mobile à Rimogne 1904 (Ardennes)
Le Fusilier-marin à Berck 1913 (Pas-de-Calais)

A noter qu’en 1913, Madame Veuve Croisy donne par contrat à la Fonderie d’Art Susse l’édition de ces trois figures pour une durée de dix ans.

L’école primaire de Fagnon porte depuis 2014 le nom de son illustre enfant :

« Le conseil municipal de Fagnon a voulu, à l’unanimité, rendre un hommage républicain appuyé et mérité au plus illustre de ses concitoyens, célèbre par-delà les continents mais hélas trop méconnu des habitants de son propre village en donnant son nom à l’école publique ».

Le sculpteur Alphonse Colle, qui réalisa la statue de Charles de Gonzague à Charleville, fut élève d’Aristide Croisy

Une rue à Charleville-Mézières porte son nom « Rue Croisy 1840-1899 » et débouche sur l’avenue Charles de Gaulle.

En 1909-1910 Louise Pouillard commande à Victor Ségoffin un buste de son époux, qu’elle paie 3000 francs,. Il se trouve dans les réserves du Musée de l’Ardenne à Charleville-Mézières.

Buste d’Aristide Croisy par Victor Ségoffin
Réserves du Musée de l’Ardenne Charleville-Mézières
Photo Collection particulière

Laissons enfin le dernier mot en guise de conclusion à T. Du Ronssoy qui écrit dans Les Enfants du Nord – Revue Littéraire, Artistique & Historique – Volume 1 – 1893 :

« À examiner l’œuvre si considérable du maître artiste, on y découvre deux caractères bien distincts : l’idée patriotique rendue par des œuvres de la plus belle venue, et une autre, toute de grâce, de poésie et de sentiment, mais chacun de ses travaux se distingue par un grand sens artistique, une véritable science historique et une exécution des plus consciencieuses. Ses groupes militaires sont remarquables par la vie, le mouvement, une belle ordonnance que traverse un souffle héroïque qui empoigne et émeut. Ses figures d’enfants, de femmes, d’anges, d’un travail achevé, respirent un charme exquis, calme et reposant. M. Croisy sait toujours intéresser. Cet artiste, d’un talent original et sincère, fait le plus grand honneur à la région du Nord. »

Aristide Croisy dans les Ardennes, ses œuvres principales

Charleville : L’Invasion ou La Défense des Ardennes ou Monument aux Ardennais morts pour la Patrie

A la suite du traité de paix signé le 10 mai 1871 à Francfort, une partie de la France est occupée par les troupes allemandes. Les Ardennes qui font partie des départements « gardés en gage » par les Allemands jusqu’au versement complet de l’indemnité de guerre, subissent cette occupation jusqu’en juillet 1873 (le dernier soldat allemand quittera le sol français le 20 septembre 1873 dans la Meuse près de Verdun).

Le Traité de Francfort du 10 mai 1871 Reproduction in extenso Imprimerie Montsouris, Paris, pas de date
Le Traité de Francfort du 10 mai 1871
Reproduction in extenso Imprimerie Montsouris, Paris, pas de date

Déjà, pendant ces années d’occupation le sentiment de revanche est grand et l’on convient rapidement de commémorer cette défaite pour rendre possible une future victoire :

« Dès l’été 1871, on voit fleurir des monuments à la mémoire des glorieux morts de la guerre contre la Prusse, comme à Ecouis en mai, ou Evreux en juin. Ce mouvement d’abord local est vite relayé par l’Etat et jusqu’à la guerre 1914-1918, sortent de terre près de 900 monuments, sans compter les petites plaques de bronze sur les murs ou les croix dans les cimetières. » .

Revue Historique des Armées – Les racines d’une commémoration : les fêtes de la Revanche et les inaugurations de monuments aux morts de 1870 en France (1871-1914) – Rémi Dalisson

Ce sera le cas pour Charleville, « libérée » en juillet 1873 et où lors de son Conseil municipal en date du 19 décembre 1873, il est rappelé :

« M. le Maire (Edouard Létrange) rappelle qu’un comité s’est constitué à Charleville pour recueillir des souscriptions à l’effet de permettre à M. Croisy, sculpteur, d’exécuter un groupe ayant pour sujet l’Invasion.
Que ce comité a manifesté l’intention d’offrir ledit groupe à la ville de Charleville à la condition que la Caisse municipale supporterait les frais de l’érection du monument
Le Conseil
Sur cette communication
Autorise M. le Maire à accepter le cas échéant, au nom de la ville, le groupe dont il s’agit
Et décide qu’il sera placé au bas des allées à l’endroit que choisira l’auteur
Les frais d’érection seront à la charge de la ville ».

C’est à Mohon, rue Etienne Dolet qu’Aristide Croisy installe pour quelques mois son atelier après avoir quitté Paris en 1870. C’est là que dès 1871, il commence l’exécution en plâtre d’un groupe nommé « l’Invasion », projet d’un monument à élever dans les Ardennes aux victimes de la guerre 1870-1871.
Terminé grâce aux souscriptions, cet ensemble est admis au Salon des Artistes français de mai 1873 et obtient une superbe 3ème médaille.

Salon de 1873, projet en plâtre d’un monument à élever dans les Ardennes aux victimes de la guerre de 1870-1871
Catalogue de l’exposition
Photo Collection particulière

« Le groupe de M. Croisy se compose de cinq personnages : un mobile debout dont la main gauche étreint sa poitrine blessée, et dont la main droite tient encore un tronçon de sabre ; – un soldat de la ligne étendu mort à côté de lui ; – à ses pieds une femme expirante, un petit enfant tué dans un éclat d’obus, et, debout, un jeune garçon de 15 à 16 ans. Derrière ces cinq personnages, un fouillis d’affûts brisés, de canons égueulés, et de décombres de toute sorte.
Le tableau est complet, rien n’y manque.
La figure qui domine est celle du mobile ; on y lit tout à la fois, la fierté, la bravoure et la rage de ne plus pouvoir rien faire pour son pays. Hardiment et noblement campée, cette statue respire l’énergie et l’animation.
Les traits du lignard mort annoncent, par leur dignité placide, que celui qui gît sur le sol s’est endormi dans la mort avec la satisfaction d’avoir fait courageusement son devoir.
Voilà ce qui, dans le groupe de M. Croisy, représente la bataille. Voici maintenant ce qui rappelle le bombardement.
Une femme, jeune encore et d’une vigoureuse stature, vient de tomber frappée par un obus ; un éclat de cet obus a troué le front de son enfant pendant qu’elle l’allaitait. L’enfant est mort, la mère n’est pas encore morte ; elle le serre violemment d’une main crispée et de l’autre, qu’elle a soulevée avec effort, elle montre à son fils plus âgé l’endroit d’où est parti le tir.
Laquelle elle se cramponne au cadavre de son enfant. La main gauche est admirable d’intention et de mouvement ; ce n’est là qu’une main, mais cette main respire et parle.
Quant au jeune garçon auquel elle s’adresse, il est debout auprès de sa mère ; on voit, à sa physionomie tout à la fois intelligente et résolue, qu’il comprend ce langage muet et qu’il s’en souviendra.
Nous omettons beaucoup d’autres détails qui nous ont frappé, comme tous ceux qui sont allés visiter le groupe de M. Croisy.
Que dire maintenant de l’ensemble ? Qu’il est harmonieusement agencé, que les poses sont naturelles, que les étoffes sont habilement drapées ? Ce ne serait là qu’un éloge banal, et M. Croisy mérite mieux qu’un éloge banal. »

Jean Hubert dans Le Courrier des Ardennes du 28 février 1873

Pendant ce temps, le 27 avril 1873, Aristide Croisy sollicite le ministre des Beaux-Arts pour la fonte en bronze de son groupe exposé au Salon de 1873, la souscription des Ardennais ayant permis d’achever le modèle en plâtre exposé au Salon.

Le 31 mai 1873, le préfet des Ardennes écrit, lui-aussi au ministre :

« M. Croisy est un enfant des Ardennes. Il est en quelque sorte le pupille du Conseil général qui a encouragé ses premiers pas dans la carrière artistique et a suivi ses progrès avec le plus sincère et le plus bienveillant intérêt. Ce n’est donc pas un vœu banal que le Conseil général a exprimé, et attache une importance réelle à la faveur qu’il sollicite pour son protégé, et il serait très heureux si elle lui était accordée ».

Réaliser un moulage en bronze coûte cher, entre 12 et 15000 francs auprès de M. Thiébaut, fondeur d’art à Paris. La galvanoplastie ne coûterait que 7500 francs, somme qu’il faut tout de même trouver.

Le 8 mai 1874, le préfet écrit une nouvelle fois au ministre :

« Le Conseil général a voté une subvention de 3750 frs et exprimé le vœu que M. le Ministre des Beaux-Arts veuille bien lui accorder le complément. Croisy en a fait l’hommage à la ville, mais il faut payer le socle et la galvanoplastie. » Extrait du Registre des délibérations du Conseil général des Ardennes du 14 avril 1874.

Enfin, par arrêté du 30 mai 1874, l’Etat accorde 3750 frs qui seront imputés sur le crédit des ouvrages d’art et décoration des édifices publics.

Pour le salon de 1874, le bronze est exposé sur les Champs-Elysées.

Dans Les Beaux-Arts au Palais de l’Industrie – Exposition 1874, Elit de Mont écrit :

« M. Croisy, de Charleville, qui avait obtenu l’année dernière une troisième médaille pour son groupe en plâtre « l’Invasion », n’a pu sans doute arriver à temps cette année avec le bronze de cette œuvre remarquable, qui figure dans les Champs Elysées en attendant son érection sur une place de Charleville ».

Extrait de Les Beaux-Arts au Palais de l'Industrie Exposition 1874 par Elit de Mont
Extrait de Les Beaux-Arts au Palais de l’Industrie Exposition 1874 par Elit de Mont

En juillet 1874, M. le Maire fait état d’une lettre adressée par M. le Directeur des Beaux-Arts à M. le Comte de Béthune, député des Ardennes où il est question de poser le monument dans le Square de la Gare à Charleville. Après avoir statué, le Conseil déclare :

« Considérant que dans sa délibération du 19 décembre 1873, le Conseil municipal a décidé que le groupe de M. Croisy serait situé au bas des Allées
Que le choix a été agréé par M. Croisy
Considérant d’ailleurs qu’il n’apparait pas que ni M. le Ministre de l’Instruction Publique ni le Conseil Général aient fait du choix du square de la Gare comme emplacement du groupe en question la condition des subventions accordées en vue de son érection
Déclare maintenir les conclusions de sa délibération du 19 décembre 1873 ».

Le groupe sera donc installé en bas des Allées.

En août 1874, M. Joseph Munaut, maître marbrier à Charleville

« s’engage à faire pour le compte de la ville tous les travaux et fournitures relatifs à l’érection du groupe de M. Croisy sous les conditions suivantes :
Le piédestal sera exécuté en pierre de Givet, de premier choix, sans fils ni poches, ciselé et gradiné en taille fine sans épaufrures aux arêtes ni cavité en parement.
Les panneaux du fût seront piqués et polis et sur la face antérieure une inscription en lettres dorées sera gravée.
Les joints horizontaux seront disposés suivant les dessins, aux verticaux seront faits aux arêtes réduites à l’intérieur évidé à angleter pour le coulis du ciment.
(…)
Sur l’entablement du piédestal, il établira le monument, à ses frais, risques et périls, il sera chargé du transport de ce monument de Paris à Charleville.
Les travaux seront complètement achevés et le groupe posé pour le 25 septembre prochain (1874) et le montant des dépenses sera réglé aussitôt après la réception ».
Cette soumission représentant la somme de 2450 francs est « adoptée purement et simplement ».

Henri Jouin dans « La Sculpture au Salon » décrit le groupe :

« C’est un groupe digne de beaucoup d’éloges. Les monceaux de morts et de blessés y sont ménagés avec une entente véritable et le personnage principal est très beau de geste et d’expression ».

Puis dans le Journal L’estafette paru le 17 mai 1880 :

« À gauche on voit un soldat tombé au champ d’honneur, près de lui, un autre, blessé au cœur, qui s’affaisse tenant de la main droite un glaive brisé, dont il menace dans un suprême effort un ennemi invisible.
En bas, une femme mourante serre d’une main le bras du fils tué et de l’autre montre, par un geste héroïque, au survivant des trois, un enfant de douze ans, l’endroit d’où partent les coups de ceux qui frappent sans se montrer ».

Carte postale Charleville Monument Commémoratif de la Guerre de 1870
Carte postale Charleville Monument Commémoratif de la Guerre de 1870
A droite, le Cours d’Orléans Le monument entouré de sa grille

Le monument situé donc à l’angle de la Route Nationale et des Allées est inauguré par Edouard Létrange, maire de Charleville. Pour l’occasion, c’est un peloton du 91è Régiment d’Infanterie de Mézières qui rend les honneurs. C’est la première cérémonie qu’effectue ce régiment depuis la fin de la guerre. Le voile recouvrant le groupe est enlevé au milieu d’acclamations et de cris mille fois répétés de « Vive la République ».

Selon Le Moniteur de la Moselle du mardi 13 octobre 1874 :

« L’affluence était énorme et la population des environs de Charleville venait ainsi rendre un hommage mérité à ceux de ses enfants tombés en défendant le sol envahi.
Le Préfet des Ardennes (Stéphane Buchot) a prononcé un éloquent discours dans lequel il a rappelé la glorieuse tradition des Ardennais, leur patriotisme, éprouvé par de nombreuses souffrances, qui ne s’est jamais démenti depuis le temps où Bayard défendit Mézières, dont il fit lever le siège ».

Extrait du journal "Le Moniteur de la Moselle" du mardi 13 octobre 1874 : Le Monument commémoratif de Charleville
Extrait du journal Le Moniteur de la Moselle du mardi 13 octobre 1874 : Le Monument commémoratif de Charleville

En avril 1875, une commission est nommée par la ville afin d’étudier la question d’une clôture autour du square où se trouve le monument de M. Croisy. Après étude, il en ressort que le terrain sur lequel le monument est assis appartient à la voie publique et que par conséquent, la circulation ne peut y être interceptée ; le square ne sera pas fermé.

Par contre, en mai 1899, il est décidé d’entourer le monument au moyen d’une grille de 1,20m de hauteur, le Conseil municipal de Charleville en adopte le dessin ; du sable rouge comble l’espace entre la grille et le piédestal. En avril 1900, la grille est prête, mais pas encore posée car une proposition de restauration du monument avait été demandée. Cette offre s’avérant non aboutie, la pose de la grille a bien lieu dans le courant de l’année.

Carte postale Le monument en 1899
Carte postale Le monument en 1899, l’auteur de la carte écrit :
« Au bas des Allées, comme tu le sais, le présent monument existe, mais non entretenu, il est tout vert de rouille »

1914-1918, Première Guerre mondiale, comme pour de nombreux monuments de toutes sortes, les Allemands n’ont aucun scrupule à démonter le groupe afin de fondre le bronze, probablement en 1917 lors d’une grande opération de récupération de métaux.

Affiche français/allemand de 1917 : Réglementation concernant les métaux Signée Der Oberbefehlshaber Von Below Archives municipales de Lille
Affiche français/allemand de 1917 : Réglementation concernant les métaux Signée Der Oberbefehlshaber Von Below Archives municipales de Lille

Le 28 février 1955 lors du conseil municipal de Charleville, M. Cambis, adjoint au maire, expose un projet de reconstitution du monument « l’Invasion », enlevé par les Allemand pendant l’occupation de 1914-1918.

Le socle sans son monument
Le socle sans son monument Image Internet

Différents sculpteurs sont contactés et des devis établis pour des réalisations en bronze ou en pierre. Il en résulte que :

« Devant ces conditions très élevées, nous avons à décider si nous devons entreprendre la reconstitution de ce monument.
La Commission des travaux dans sa réunion du 11 courant et sans préjuger de l’avis de la Commission des Finances, dit que ces conditions sont trop chères pour la reconstitution de ce groupe et décide de la démolir et d’aménager sur son emplacement un massif de fleurs.
La plaque des Résistants serait enlevée et transportée Place Carnot ainsi que sur le monument de cette place serait ajouté une plaque commémorative 1870 ».

Après avoir écouté l’exposé de M. Cambis, le Conseil :

« décide, par 20 voies contre 3, le maintien, jusqu’à nouvel ordre, dans son état actuel, du socle du monument de 1870 ».

Présentation des devis de sculpteur pour la reconstitution du monument en pierre ou en bronze
Présentation des devis de sculpteurs pour la reconstitution du monument en pierre ou en bronze
Extrait du Conseil municipal de Charleville du 28 février 1955

En octobre 1960, M. Delautre, adjoint au maire de Charleville est chargé d’un projet dans lequel il est question du monument « l’Invasion », ou du moins le socle du monument :

« Le projet comprend, en outre, le démontage du Monument de 1870, ce qui permettrait de prolonger la voie parallèle au Cours Briand construite sur le trottoir, côté pair, de manière à ce que les véhicules descendant le cours Briand et se rendant avenue de Gaulle évitent la roture sur la droite ».

Enfin, le 4 juillet 1961, le projet d’aménagement du débouché du Cours Briand sur le carrefour de la Rotule est accepté sur le plan 1961-1965 des Tranches Urbaines de la ville de Charleville. La circulation croissante de la ville aura ainsi mis fin à l’histoire de ce monument, ou tout au moins de ce qu’il en restait depuis plus de quarante années.

Détails de cartes postales avant et après aménagement du rond-point
Détails de cartes postales avant et après aménagement du rond-point

Charleville : Buste de Gustave Gailly

Buste Gustave Gailly (1825-1910), maître de forges, président du Tribunal de Commerce, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, maire de Charleville (1870-1871), député (1871-1880), sénateur (1880-1908). Un buste en marbre est présenté par Aristide Croisy au Salon de 1877.

Une copie en bronze réalisée par A. Colle est inaugurée dans le square de la gare à Charleville en 1912.

Carte postale Charleville Monument Buste Gustave Gailly Square de la Gare
Carte postale Charleville Monument Buste Gustave Gailly
Square de la Gare

Elle est enlevée par l’occupant en 1914-1918.

En 1926, Madame veuve Gustave Gailly fait parvenir au maire de Charleville (Charles Boutet) la somme de 25000 francs pour le remplacement du buste ; ce sera chose faite l’année suivante (1927).

En 1942, les Allemands retirent le buste pour le fondre. Le buste trônant actuellement dans le square est donc le troisième.

Mézières : Le Chevalier Bayard, le plâtre

En 1894, l’industriel Adolphe Clément qui possède déjà une usine à Levallois (Hauts-de-Seine actuel), décide de construire une usine à Mézières. A la recherche d’une chute d’eau disponible pour son énergie dont il a besoin, il rachète l’ancien Moulin Pommery sur la place de la Préfecture. La chute d’eau provenant de ce moulin passe au milieu du square Mialaret où le chevalier Bayard observe depuis son socle l’aménagement du canal de fuite des turbines. C’est en 1903 que Clément est autorisé officiellement à prendre le nom de Clément-Bayard.

C’est à ce moment là qu’il fait l’acquisition du modèle en plâtre de la statue et l’installe dans ses locaux de Levallois. Lorsqu’il cède son usine à André Citroën, le plâtre prend la direction de Mézières où un endroit est aménagé dans la salle des machines des turbines (Turbines Clément-Bayard ou Centrale Mazarin).

Statue en plâtre du Chevalier Bayard, toujours dans le bâtiment des anciennes turbines Clément-Bayard
Statue en plâtre du Chevalier Bayard, toujours dans le bâtiment des anciennes turbines Clément-Bayard
Photo extraite de la Revue Historique Ardennaise 1987

En 1955, Mézières célèbre la remise de la Citadelle, quartier militaire, à la ville. La statue est alors exposée à l’Hôtel de Ville. Au bout de onze années, quelque peu égratignée, elle vient reprendre sa place au bord du canal d’amenée, dans la salle des machines des turbines où elle se trouve toujours.

Mézières : Le Chevalier Bayard, le bronze

En 1891, Charles Mialaret, maire de Mézières, commande une statue du Chevalier Bayard, défendeur de la ville lors du siège de 1521. Un comité est créé et le sculpteur choisi est Aristide Croisy. La statue montrée au Salon de 1893 est élevée avec le concours de l’Etat et du Conseil général des Ardennes.

Voici, en résumé et d’après le journal Le Gaulois du 31 juillet 1893, comment la statue de Bayard est arrivée à Mézières :

« Aussi, quand il s’est agi d’ériger un monument évoquant le souvenir de la glorieuse défense de Mézières contre les troupes Nassau et de Sickingen, on n’a eu besoin ni d’ouvrir une souscription, ni d’organiser une tombola. Le maire a fait la proposition, le conseil l’a votée, et, le 30 juillet, la statue de Pierre Terrail, seigneur de Bayard, sera inaugurée au nouveau square, sans que l’on ait songé à recourir aux contribuables Macériens. Le fait est assez rare pour mériter qu’on le signale.

Le socle, placé au milieu d’un tertre octogonal, de 60 centimètres de hauteur, est en granit d’Ecaussinnes (Ardennes belges) il est massif, d’une couleur grise bleuâtre, a quatre mètres de hauteur et deux mètres de côté à sa base. La partie supérieure du piédestal se termine par un entablement orné de bossages et de créneaux rappelant l’architecture militaire. Sur la face principale, se trouve l’inscription « A Bayard, 1521 ». Au-dessous, un motif en bronze représentant les armes de Bayard, entourées du Collier de Saint-Michel et surmontées du casque du chevalier.

Sur la face postérieur, cette inscription « Hommage des Macériens – 30 juillet
1893 ».
L’entrepreneur est M. Antoine Anciaux, de Givet. L’architecte est M. Edouard Racine.

La statue, en bronze, œuvre de M. Croisy, a été fondue par M. Durenne, de Paris. Elle a 2 mètres 90 de hauteur. On peut ajouter que sur le socle est écrite la réponse de Bayard à l’envoyé des assiégeants : « Héraut mon ami, vous vous en retournerez et direz à Messeigneurs de Nassau et Francisque : Puisque le Roi m’a fait l’honneur de s’en fier à moi pour garder cette ville, j’espère la lui conserver si longuement qu’il ennuiera beaucoup plus à vos maîtres d’être au siège, qu’à moi d’être assiégé et que je ne suis plus enfant qu’on étonne de paroles ».

Dessin de la statue en bronze du Chevalier Bayard
Dessin de la statue en bronze du Chevalier Bayard
Extrait du Catalogue du Salon des Artistes français de 1893

Le monument est inaugurée le 30 juillet 1893 en présence du général Loizillon, ministre de la Guerre. A savoir qu’un second bronze, réplique de la statue de Mézières et commandé en 1894 par la surintendante de la Maison des Filles de la Légion d’Honneur à Saint-Denis (Seine Saint-Denis maintenant), est inauguré le 30 juillet 1895 et placé dans son parc en 1896.

En 1917, comme nombre de ses consœurs, la statue de Mézières est enlevée par les Allemands. Par quel miracle n’est-elle pas détruite ? Elle est retrouvée en 1922 à Düsseldorf. Restituée, elle est replacée sur son socle en 1926.

1942 et son lot de réquisition de métaux, elle est de nouveau déboulonnée et cette fois fondue.

Il faut attendre 2005, décrétée « Année Mézières » par la municipalité de Charleville-Mézières et « pour mettre à l’honneur le quartier de Mézières », qu’il est décidé de refaire une statue, à l’identique ; le bronze de Saint-Denis et le plâtre des Turbines servent de modèles. La nouvelle figure prend place dans le Square Mialaret (ou Square Bayard) et est inaugurée le 9 octobre 2005 par Claudine Ledoux, maire de Charleville-Mézières au cours des nombreuses festivités organisées pour l’occasion.

Enfin, lors de la cérémonie de commémoration du 500ième anniversaire de la défense de la ville de Mézières par Bayard, placée sous l’égide de Jean-Pierre Collignon, président d’honneur des Amis du Musée de l’Ardenne et Philippe Langenieux-Villard, président des Amis de Bayard, on remet symboliquement à la statue de Bayard, le Collier de l’Ordre de Saint-Michel, la plus haute distinction de l’époque qui fut offerte au Chevalier Bayard par François 1er en récompense du sauvetage de la ville. Ce collier resté le temps des festivités, a été ensuite placé en mairie. Collier, chaîne et médaillon ont été imprimés et fabriqués en résine, peinte et patinée à partir de gravures et tableaux représentant Bayard. Chacun des colliers de l’Ordre était adapté à la personnalité du récipiendaire, en faisant donc une œuvre unique.

Le chevalier Bayard et son Collier de l'Ordre de Saint-Michel
Le chevalier Bayard et son Collier de l’Ordre de Saint-Michel
© Musée de l’Ardenne – Musée Arthur Rimbaud

Buzancy : Le général Chanzy sur son lit de mort

Le général Alfred Chanzy (1823-1883) sur son lit de mort à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne aujourd’hui), le 5 janvier 1883. Le plâtre est présenté au Salon de 1883, cette œuvre recouvre le tombeau du général dans le mausolée de la famille Chanzy au cimetière de Buzancy.

Le Général Chanzy sur son lit de mort
Le général Chanzy sur son lit de mort Dessin d’après nature par Croisy
L’univers illustré 20 janvier 1883
Dessin qui a servit pour la réalisation du gisant posé sur le tombeau de la famille Chanzy au cimetière de Buzancy

Buzancy : Statue du général Chanzy

La statue en plâtre est présentée au Salon de 1884. Le général est représenté en petite tenue (tenue dite ordinaire), une main posée sur le pommeau de son épée dont la pointe est au sol, l’autre main est à la ceinture :

« Elle sera placée au bord de la route d’Allemagne, comme une sentinelle regardant l’ennemi » avait affirmé L’Echo de Givet avant son érection.

Elle est inaugurée le 28 septembre 1884 :

« La cérémonie, qui avait attiré un grand concours de population, a été très imposante.
A deux heures, le cortège s’est formé à la mairie. On y remarquait M. La Pierre, maire de Buzancy, le général de la Hayrie, commandant à Reims, remplaçant le général Février, commandant le 6e corps, empêché, et délégué par le ministre de la Guerre ; le préfet des Ardennes, les sous-préfets de Rethel et de Vouziers; MM. Philippoteaux, vice-président de la Chambre des députés, baron de Ladoucette, député ; tous les membres du clergé de Buzancy. Monseigneur Langénieux, malade, n’a pu venir.
On y voyait encore le général Mathelin, le colonel Hepp, enfin une foule d’officiers, parmi lesquels les anciens officiers d’ordonnance du général Chanzy.
La famille Chanzy est arrivée avant le cortège. Devant la veuve du général, tous les fronts se sont découverts, avec elle, sont venus M. Georges Chanzy, lieutenant de chasseurs, fils du général ; sa jeune femme ». « Le Monde illustré » du 4 octobre 1884.

La statue du Général Chanzy par M. Aristide Croisy L'Observateur d'Avesnes Supplément illustré du dimanche 12 octobre 1884
La statue du général Chanzy par M. Aristide Croisy
L’Observateur d’Avesnes
Supplément illustré du dimanche 12 octobre 1884

Elle est enlevée le 13 juillet 1917 par les Allemands.
Une seconde statue reproduction de celle emportée par les Allemands est inaugurée le 26 août 1923 :

« Depuis deux jours, les habitants de Buzancy, dont les ruines faites en maints endroits par le bombardement, montrent qu’elle a souffert de la guerre, ont procédé aux préparatifs de cette cérémonie de patriotisme et d’union sacrée, qui se déroule sous la présidence du maréchal Pétain et du cardinal Luçon, archevêque de Reims.
À 11 heures, à la mairie, ont eu lieu les réceptions par la municipalité. On remarquait le maréchal Pétain, le cardinal Luçon, le préfet des Ardennes, les parlementaires ardennais, des conseillers généraux, d’arrondissement, des fonctionnaires, des officiers et des notabilités. La famille du général Chanzy assistait aux diverses cérémonies de cette journée ». La Dépêche Algérienne du 27 août 1923.


Cette statue, elle aussi, est elle aussi retirée lors du second conflit mondial

( 1939-1945) ; c’est une copie de la statue du Mans réalisée par Gustave Crauk qui trône depuis le 30 mai 1957 sur la place de Buzancy.

Nouart : village de naissance du général Chanzy

Cette statue est présentée au Salon de 1886. Le général tient d’une main la garde de son épée et de l’autre, il montre l’Allemagne ; sur son piédestal on peut lire :

« Que ceux qui veulent le bâton de Maréchal aillent le chercher au delà du Rhin ».

Elle est inaugurée le 18 juillet 1886 :

« M. le ministre de la Guerre avait envoyé le commandant Solard, son officier d’ordonnance, pour le représenter à cette cérémonie. Cet officier est arrivé la veille à Stenay. M. le général Mathelin, commandant la 23e brigade à Mézières, accompagné du lieutenant Génot, son officier d’ordonnance, est également arrivé. M. Mathelin a prononcé un discours. La Russie, où le général Chanzy a longtemps représenté la France, s’est fait représenter à cette solennité par M. le général Friederich, attaché militaire à Paris » par le Journal « Le Voleur » du 12 août 1886.

Carte postale Nouart La Statue Chanzy
Carte postale Nouart La Statue Chanzy

Retirée par l’occupant en 1914-1918 pour être fondue, une nouvelle statue est remise en place le 31 août 1924 sous la présidence du général Nollet, ministre de la Guerre.
Celle-ci, enlevée également lors du second conflit mondial, est remplacée par une statue en pierre, signée F. Météreau. Elle est inaugurée le 16 octobre 1966 par le général Ducourneau, gouverneur de Metz.

Givet : Etienne Méhul (1763-1817)

C’est en 1842 que la ville de Givet érige un premier monument au compositeur Etienne Nicolas Méhul, compositeur de la musique du célèbre « Chant du départ », sur les paroles d’André Chénier. Un buste en marbre blanc par Théodore Gechter inauguré le 26 juin 1842 ; il sera déplacé vers 1892 en haut du grand escalier du théâtre (il se trouverait actuellement dans les réserves des ateliers municipaux).
En 1890, suite à la suppression des remparts de la ville, on crée, à Givet, une grande place qui prend le nom de Place Méhul. A l’initiative de Jules Lartigue, maire de la commune et sous la présidence de Léon Bourgeois, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, on inaugure le 2 octobre 1892, la statue du musicien que Croisy avait présenté au Salon en 1890.

Souvenir de l'inauguration de la statue de Méhul, Givet 2 octobre 1892
Souvenir de l’inauguration de la statue de Méhul, Givet 2 octobre 1892
Lithographie de J.Justinart pour l’Echo de Givet

Selon le journal Le Ménestrel Musique et Théâtres du 9 octobre 1892 :

« Sur un signe du ministre, le voile tombe alors et découvre aux yeux de la foule et au bruit de ses applaudissements la statue due au ciseau vivant et mâle de M. Croisy. Méhul est représenté debout, tête nue, dans une attitude méditative, tenant d’une main un papier, de l’autre un crayon. Le costume est celui du Directoire, recouvert d’un large manteau dont les plis flottent librement au vent. Le mouvement est simple et harmonieux, l’œuvre sobre et pleine de caractère, l’ensemble de tout point excellent. Le socle du monument, non moins heureux que lui-même, est dû à M. Manten, architecte ; on y voit inscrits les titres des principales œuvres du maître ».

Carte postale Givet Statue de Méhul
Carte postale Givet Statue de Méhul

Cette statue en bronze est enlevée par l’occupant en 1917 pour être fondue.

En 1923, on élève à Givet un monument aux victimes de la Première Guerre mondiale et l’ancien piédestal de la statue Méhul est alors déplacé, restant sur le périmètre de l’esplanade et on décide de refaire une statue du musicien. C’est le sculpteur Alfred Derville qui réalise une réplique exacte de l’œuvre de Croisy qui est inaugurée le 30 mai 1926. Dans Le Bien Public du 31 mai 1926 :

« Celle qu’on inaugure aujourd’hui est la reproduction de la première, qui était l’œuvre magistrale de feu, le sculpteur ardennais Croisy. La réédification du monument et la restauration du modèle original du maître Croisy ont été réalisées par le statuaire A. Derville »

En 1942, la statue est « récupérée » par le régime de Vichy pour être fondue.

Enfin, le 3 juin 1956, Roger Declef, maire de Givet, inaugure le quatrième monument à Méhul… qui cette fois est en pierre, une réalisation de Marcel Grattesat.

Le plâtre original de la statue de Méhul daté 1888 a été offert au Musée de l’Ardenne à Charleville-Mézières en 2022 par les arrière-petites-filles du sculpteur Aristide Croisy.

Sedan : le Monument aux Morts ou Pour la Patrie

Le monument aux morts de 1870 de Sedan est élevé par souscription nationale. C’est le 18 septembre 1895 que le décret autorisant son érection est signé.

Dans La Justice daté du 13 novembre 1899, le journaliste raconte sa rencontre avec le statuaire et décrit l’atelier de Croisy :

« Pénétrons dans l’atelier, très encombré en ce moment par les maquettes en terre glaise, grandeur d’exécution, des divers motifs qui doivent parfaire l’unité du monument de Sedan qu’on doit ériger en cette ville dans le courant du mois de septembre.
Pour donner une idée exacte de l’importance de l’œuvre, il suffira de dire que le groupe principal, La Gloire couronnant un soldat mourant, atteint la hauteur de 4 m. 50, abstraction du piédestal et du soubassement qui seront en granit de Bretagne.
Sur le devant du soubassement quadrangulaire, une figure allégorique de la France rendant hommage à ses enfants morts pour la Patrie.
Sur les faces latérales, deux bas-reliefs, l’un retraçant l’épisode de la mémorable charge de la division du général Margueritte, commandée par cet officier supérieur qui fut tué, l’autre la défense du pont de Bazeilles.
Nous n’avons pu admirer que ce dernier, une superbe page d’histoire rendue merveilleusement et d’une façon saisissante.
Des pentes, couronnées de batteries prussiennes, descendent des masses innombrables de soldats allemands qui passent le pont, malgré la résistance
acharnée des Français refoulés par cette avalanche humaine.
« C’est ainsi que cela s’est passé », nous dit simplement Croisy, en ajoutant, « N’est-ce pas que mes Allemands sont bien des Allemands, lourds, épais, communs, et nos Français bien français ».

Terminé en 1897, il n’y a pas eu d’inauguration officielle.
Le fondeur des œuvres de Croisy est A. Durenne, l’architecte du monument est Ulysse Gravigny et les constructeurs Nanouette et Druy.

Aristide Croisy eut beaucoup de difficultés pour se faire rembourser des frais avancés : la banque Fabre chez qui la somme d’agent pour la souscription avait été déposée pour l’érection du monument ayant fait faillite.

Carte postale Sedan Place d'Alsace-Lorraine Le Monument : Hommage aux vaincus
Carte postale Sedan Place d’Alsace-Lorraine Le Monument : Hommage aux vaincus

Musée de l’Ardenne : Paul Malatesta et Françoise de Rimini

« Paul Malatesta et Françoise de Rimini » est un groupe en plâtre dont les personnages sont tirés de la « Divine Comédie » de Dante vers l’an 1300. Françoise de Rimini est mariée de force par son père à Giovanni Malatesta, elle s’éprend alors de son beau-frère Paul et les deux jeunes gens commettent l’irréparable ; l’époux surprend les deux amants et fou de colère, les tue d’un seul coup d’épée. Le couple devient l’incarnation de l’amour passionnel comparable à Roméo et Juliette.
Alors que beaucoup d’artistes montrent la mort des deux jeunes gens, Aristide Croisy choisit de montrer l’amour naissant avec la proximité des corps et les bras entrecroisés.

Statue de Paul Malatesta et Françoise de Rimini Musée de l'Ardenne Charleville-Mézières
Statue de Paul Malatesta et Françoise de Rimini
Musée de l’Ardenne Charleville-Mézières © Ardennes Toujours

La statue est restaurée en début d’année 2020 ; le nettoyage du plâtre met en valeur la finesse de la sculpture, le soin apporté aux drapés, le détail des perles de la coiffe de Françoise de Rimini.
Le groupe « Paul Malatesta et Françoise de Rimini », en dépôt au Musée de Charleville depuis… 1879 est désormais propriété des Musées de Charleville-Mézières par arrêté du 28 février 2023 « portant transfert de propriété de biens des collections nationales au profit d’une collectivité territoriale », parution au Journal Officiel du 4 mars 2023.

Musée de l’Ardenne : Le Nid

« Le Nid », version plâtre, est présenté en 1880 au Salon et déposé au musée de Saint-Dizier.
La version en marbre est quant à elle présentée au Salon de 1882. Cette version du groupe est aussi exposée lors de l’Exposition nationale des Beaux-Arts de 1883.

« Les visiteurs du Salon s’arrêtent avec intérêt à la galerie de sculpture, devant un groupe qui représente deux bébés joufflus endormis dans un fauteuil. Ce sont deux chérubins surpris au milieu de leur sommeil. Le sujet y est traité avec un sentiment exquis : nous lisons dans le livret que c’est un nid, et de fait, c’est un nid charmant. Cette œuvre était hier l’orgueil d’un père, elle est sa douleur aujourd’hui, car la mort est passée par là.
Il en est peu, de ceux qui s’extasient devant ce morceau de plâtre, qui sachent que c’est le seul souvenir qui reste à l’artiste d’un enfant bien-aimé »,

peut-on lire dans le Journal L’Estafette du lundi 17 mai 1880. En effet, les deux « chérubins » sont deux enfants de l’artiste, Jeanne et Marguerite, la petite Marguerite disparaissant peu de temps après.

Le Nid Dessin original d'Aristide Croisy
« Le Nid » Dessin original d’Aristide Croisy
Livret illustré du Musée du Luxembourg F. G. Dumas 1884

« Le Nid », œuvre majeure de Croisy, obtient la médaille de 2ième classe au Salon de 1882. Ce marbre acquis par l’Etat la même année, est attribué au Musée du Luxembourg. Il est depuis 1901 déposé au Musée Allard, de Montbrison. Une réplique en marbre du Nid est conservée en Espagne au musée des Asturies d’Oviedo.
Ce groupe est édité en bronze dès 1889 par des Maisons parisiennes de Bronzes d’Art hautement reconnues comme A. Delpy, puis Frédéric Goldscheider ; il est aussi décliné en biscuit de porcelaine, en porcelaine de Longwy et ce, tout comme ses homologues, en diverses grandeurs.

Le Nid Groupe du Musée de Charleville-Mézières
« Le Nid » Groupe du Musée de Charleville-Mézières
Plâtre patiné Don de l’Etat 1892
Reproduction en plâtre d’un groupe en marbre acquis par l’Etat en 1882 et initialement déposé au Musée du Luxembourg, puis depuis 1901 au Musée d’Allard à Montbrisson © Ardennes Toujours

Concernant « Le Nid », en 1909 madame veuve Croisy dépose une plainte pour contrefaçon à l’encontre de messieurs Jacques et Jean :

« Sur la réquisition de la dame veuve Croisy, il a été, par M. le commissaire de police du quartier des Champs-Elysées, procédé, le 10 mai 1909, à la saisie chez Jacques, fabricant de terres cuites d’art 4 rue de Paradis, d’une statuette en biscuit intitulée Le Fauteuil ou Nid ; que celui-ci déclara avoir achetée le 2 avril précédent, pour le prix, de 10 francs, à Jean, commissionnaire, 78, rue d’Hauteville ; que ce dernier a reconnu avoir acquis ce modèle à la foire de Leipzig de la maison Gullubu et Hofmann, fabricants de porcelaine à Hinenau, en Thuringe, qui, le 21 octobre 1908, lui avait vendu une demi-douzaine du Fauteuil au prix de 27 marks la douzaine »

Au cours de l’audience du 22 février 1912 , et après avoir entendu toutes les parties, il est bien prouvé que les œuvres en marbre et en plâtre appartiennent à l’Etat (27 mai 1882 pour le marbre et 24 juin 1880 pour le plâtre), il résulte

« Par suite de la vente qui lui a été faite, l’Etat a seul le droit de s’opposer à ce qu’il soit fait, de l’œuvre exposée dans ses musées, une reproduction illicite ; que les représentants de l’artiste n’ont donc nulle qualité pour agir ; qu’ils ne peuvent invoquer le droit moral, qui leur appartient môme après la cession pleine et entière d’une œuvre, puisqu’il n’est pas justifié en l’espèce que les statuettes saisies soient de nature, par leur imperfection, à porter préjudice à la réputation artistique de Croisy ».

Et le tribunal :

« Déclare la dame veuve Croisy mal fondée dans toutes ses demande, fins et conclusions, l’en déboute et la condamne aux dépens. »

Extraits de l’audience du Tribunal civil de la Seine du 22 février 1912 parus dans : Compte-rendu des travaux de la Société des artistes français
Edition Société des artistes français 1912
Extrait de l’article paru dans Le Petit Journal du 26 février 1912
par Jean Lecoq, à propos de l’affaire de contrefaçon du « Nid »

Aristide Croisy : œuvres principales non ardennaises

Marseille : La Fondation de Marseille

En 1865, le sujet du concours du Prix de Rome est « la Fondation de Marseille ». Aristide Croisy réalise un bas-relief un plâtre et obtient le « premier second grand prix de Rome » juste derrière Louis-Ernest Barrias.
Son bas relief représente Gyptis, fille du roi Ségobrige offrant un cadeau à Protis, le marin grec venu de Phocée. Leur mariage scella la mythe de la fondation de Massalia vers 600 avant Jésus-Christ.
En 1866, Croisy reçoit une commande de l’Etat, ce sera la première, pour la réalisation de son bas-relief en marbre de Carrare. De 1,10m de haut et 1,57m de long, il est exposé au Salon des Champs Elysées à Paris en 1867.
En 1874, l’œuvre est confiée par l’Etat au Palais de Longchamp à Marseille jusqu’au début du XXe siècle… où « elle disparaît de la circulation » ! Remisée dans les réserves, elle fut probablement considérée comme du mobilier urbain.
Un amateur d’art la retrouve en 2020 sur un mur de soutènement d’une cité HLM du 14e arrondissement de Marseille. En excellent état, elle a été récupérée et déposée au Musée des Beaux-Arts de Marseille.

Sculpture La Fondation de Marseille
Sculpture « La Fondation de Marseille » © Blogspot Marseille, Ville sculptée 2

Le Mans : Monument à la mémoire des Combattants de la Deuxième Armée de la Loire, commandée par le général Chanzy

Pour la France et les Français, la défaite de 1870-1871 est lourde. Les responsables politiques travaillent alors à consolider la Troisième République proclamée le 4 septembre 1870 par Léon Gambetta depuis l’Hôtel de Ville de Paris, deux jours après la déroute militaire de l’Empire à Sedan. Aussi, il est très rapidement convenu de célébrer l’héroïsme national et de commémorer la « glorieuse défaite » afin d’exalter l’esprit de revanche :

« Une grande nation doit honorer ses morts et je dirai volontiers que ceux qu’il faut honorer surtout, ce sont ceux qui sont morts dans le désastre, ceux qui sont morts dans la défaite, ceux qui sont morts sans espoir, mais ayant fait d’autant plus leur devoir jusqu’au bout parce qu’ils le faisaient avec le sentiment qu’il n’y avait plus à donner à la France que leur sang et leur vie », extrait du discours de Léon Gambetta le 27 mai 1881 lors de l’inauguration du Monument des Mobiles à Cahors.

C’est dans cet optique que le monument de la ville du Mans est érigé : il célèbre la défaite de la Deuxième Armée de la Loire et du général Chanzy qui, en dépit de batailles héroïques dans la Sarthe en décembre 1870 et en janvier 1871 dut se retirer sur Laval.

Carte postale Le Mans Place de la République et Statue du Général Chanzy
Carte postale Le Mans Place de la République et Statue du Général Chanzy

C’est peu après la mort du général Chanzy survenue le 5 janvier 1883, qu’un comité national est créé. Composé de sept sénateurs, parmi lesquels d’anciens compagnons de combat et cinq députés, dont le vice-président de l’Assemblée nationale, ce comité propose à la ville du Mans de lui ériger une statue.

Après avoir étudié divers projets, deux sculpteurs sont choisis :

  • Gustave Crauk, Grand Prix de Rome 1851, est chargé de réaliser la statue en pied du général Chanzy
  • Aristide Croisy, ami et compatriote ardennais du général Chanzy, est quant à lui, chargé de concevoir les bas-reliefs pour la base du monument : des groupes de combattants symbolisant « l’Attaque », « la Défense », « la Résistance » et « la Défaite ».

Les œuvres des deux artistes sont présentées au Salon des Artistes Français de 1885.

Extrait du Catalogue du Salon des Artistes français de 1885
Extrait du Catalogue du Salon des Artistes français de 1885
Craux (sic) Le général Chanzy ; statue, bronze
Croisy L’armée de la Loire 1870-1871

L’inauguration a lieu le 16 août 1885. La cérémonie est présidée par le général Thomassin, commandant le 4e corps d’armée ; assistent à la cérémonie le général Campenon, ministre de la Guerre ; l’amiral Jauréguiberry, sénateur inamovible ; le général Friederich, attaché militaire à l’ambassade de Russie ; M. Cordelet, sénateur et maire du Mans ; Mme Veuve Chanzy ; M. Chanzy fils, lieutenant au 4e Chasseurs à pied ; M. Crépy, gendre de Chanzy ; de nombreux officiers, anciens combattants de 1870 et au moins 50.000 personnes, bien au-delà du seul public manceau.

Carte postale Le Mans Le Général Chanzy Détail de la Statue
Carte postale Le Mans Le général Chanzy Détail de la Statue

Retrouvons L’Anjou Journal de l’Ouest des lundi 17 et mardi 18 août 1885 :

« La statue du général Chanzy est, comme on sait, due au sculpteur Crauck, qui s’est fait pour ainsi dire la spécialité de reproduire les traits de nos généraux. Ses principales œuvres sont en ce genre : une statuette du général Pélissier, des bustes et statues des maréchaux Niel, Pélissier, Mac Mahon et Baraguey d’Illers, des généraux Changarnier et Gallifet et, en dernier lieu, la statue du général Faidherbe qui figura au salon de 1883.

La statue de Chanzy a trois mètres de haut. Le général est représenté debout, en veston de campagne garni d’astrakan, coiffé de képi, chaussé de hautes bottes dépassant le genou, la main gauche appuyée sur son épée, le bras droit tendu obliquement, le poing fermé.

Ce geste, joint à l’énergie peinte sur la physionomie du commandant de l’armée de la Loire, est d’une grande éloquence. Le général regarde devant lui, la tête haute, sans défi, mais avec l’assurance du devoir et du courage.

M. Crauck s’est entouré de tout ce qui pouvait rendre cette œuvre plus exacte. La famille du général Chanzy lui a prêté plusieurs de ses uniformes, entre autres la pelisse, le képi, la culotte de cheval qu’il portait en 1870.

Les soubassements, en bas-relief, dus au ciseau d’Aristide Croisy, le compatriote, le camarade et l’ami du héros de l’Armée de la Loire, offrent le plus haut intérêt.

De chaque côté, sur une petite plate-forme circulaire qui sert de base élevée au piédestal, figurent deux groupes de grandeur naturelle.

Le premier, sur la face droite du monument, figure L’Attaque : un vieil officier debout, sombre et farouche, une longue-vue à la main, désigne du doigt, aux troupiers qui se pressent à ses côtés, l’endroit d’où l’ennemi a signalé sa présence en étendant à ses pieds un jeune soldat imberbe, dont la main crispée comprime sa blessure mortelle. Sur la droite de l’officier, deux soldats de ligne ; l’un d’eux a déjà épaulé son arme, tandis que l’autre, le genou en terre, charge tranquillement son fusil. Devant l’officier, un jeune mobile et un grognard qui en a vu bien d’autres. Faisant partie du même groupe, un tout jeune fusilier marin fouille anxieusement l’horizon.

Sur la face gauche du monument : La Défense. Le centre du groupe est occupé par l’officier porte-drapeau, qui étreint la hampe d’une main nerveuse. A droite, un chasseur à pied va mettre en joue l’assaillant ; derrière lui, un zouave de Charette, superbe de défi. Au pied du porte-drapeau, un chasseur d’Afrique, à demi écrasé par sa monture qui vient de s’abattre, braque sur l’ennemi le canon de son revolver.

Ces deux grands groupes sont reliés en façade par le groupe de la Résistance ; à gauche, un artilleur, frappé à mort, couvre de son corps la pièce de bronze, muette désormais ; un fusilier marin, la cuisse brisée, cherche dans sa cartouchière la dernière balle à tirer pour la France.

Sur la face opposée, la Défaite : un jeune fantassin, seul, sans armes, fouillant la terre avec rage, rend le dernier soupir.

Toutes ces figures sont animées d’une vie puissante ; l’ardeur de la lutte est parfaitement rendue.

En dessous des groupes, tout autour du monument, sont gravés les noms des principales batailles auxquelles a pris part le général Chanzy : Le Mans, Loigny, Josnes, Vendôme, etc.

Devant, au pied de cette statue, figure cette inscription : « Souscription publique — 1883 ». Ce soubassement mesure environ sept mètres de hauteur »

Le Mans Monument élevé au Général Chanzy Groupes du soubassement
Le Mans Monument élevé au général Chanzy Groupes du soubassement, par M. Croisy
Dessin de M. Thade (Phot. Eug. Pirou)

La souscription publique a couvert les frais estimés à 140 000 francs : la construction du monument, évaluée à 23 000 F pour la statue, 20 000 F pour le piédestal et 85 000 F pour les groupes en haut-relief, 9 000 F pour les frais généraux, publicité, etc…

Amédée Bollée père, constructeur automobile mais aussi fondeur de cloches, est sollicité pour installer le monument, en bronze pour les sculptures, en pierre pour le socle.

Le monument de Chanzy, initialement installé place de la République est déplacé en février 1970 vers la place Washington, afin de permettre de nouveaux aménagements urbains.

Une réduction en bronze patiné a été offerte au Musée de l’Armée des Invalides par la maison Susse Frères en 1923.

En ce qui concerne notre statuaire Croisy, trois personnages ont été sélectionnés dans son sous-bassement pour être dupliqués en fonte :

  • La Défense du Drapeau, vieil officier barbu tenant farouchement son drapeau, que l’on retrouve à Montoire, Biarritz, Pont-Sainte-Maxence, Fauquembergues, etc.
  • Le Mobile, soldat moustachu d’âge mûr avec son fusil à tabatière, fantassin des bataillons départementaux de la garde nationale mobile, que l’on retrouve à Arras, Sainte-Anne-d’Auray, Abbeville, Rimogne, Hesdin, etc.
  • Le Fusilier-marin, jeune marin imberbe avec son chassepot, que l’on retrouve à Quimper, Berck etc.. Il existe en réduction au Musée municipal de Sedan.

A noter qu’en 1913, Madame Veuve Croisy donne par contrat à la Fonderie d’Art Susse l’édition de ces trois figures pour une durée de dix ans.

Les monuments à Soumy (Ukraine)

En Ukraine dans la ville de Soumy (Russie à l’époque), Aristide Croisy est l’auteur des monuments funéraires de la famille des riches industriels Kharitonenko qui ont en partie construit la ville de Soumy.

Croisy va travailler à plusieurs reprises pour les Kharitonenko :
Ivan Kharitonenko, ainsi que son fils Pavel, se sont rendus à plusieurs reprises en France, où ils ont rencontré Aristide Croisy. C’est en 1889 que Pavel Kharitonenkos et son épouse commandent en hommage à leur fillette Zinaida décédée en mai de cette même année, un monument représentant un ange tenant dans ses bras une petite fille endormie pour toujours : « Deux Anges ».
Après arrangements, Croisy travaille sur la sculpture à partir de photos de l’enfant.

Le marbre de ce monument est présenté au salon de 1891 et aussitôt acheminé sur la tombe de la petite fille.

Deux anges ou Ange et enfant
Plâtre daté août 1889 (sur le côté droit)
Musée de l’Ardenne Charleville-Mézières
Photo Ardennes toujours…

Au salon de 1894, il présente un groupe monumental en marbre « Calvaire » destiné à la décoration du tombeau de la famille Kharitonenko (cette œuvre est parfois aussi appelée « Crucifixion du Christ »)

« Le Christ en croix se dresse sur un rocher, à l’ombre duquel on voit la Madeleine agenouillée et St Jean l’Evangéliste debout, qui montre le Rédempteur au mort couché dans le tombeau. L’ensemble de l’œuvre rappelle les belles conceptions religieuses d’autres siècles » écrit Philippe Gille dans le Figaro.

Monuments Calvaire et Deux anges au cimetière de Soumy (Ukraine)
Photo tirée du site officiel de la ville de Soumy

Une réplique de ce monument reproduite en bronze et sans les personnages du bas décore le tombeau de la famille Croisy au cimetière de Fagnon.

En septembre 2009, par une résolution du Cabinet des ministres de l’Ukraine, ces deux œuvres sont inscrites au Registre national des monuments immobiliers de l’Ukraine dans la catégorie « d’importance nationale ».

Les habitants de Soumy attachent beaucoup de prix à ces sculptures, témoins de leur riche histoire. Depuis le début du conflit avec la Russie, elles sont recouvertes de sacs de sable et tout est fait pour les protéger de l’onde de choc ou les débris des bombardements éventuels.

Enfin, au salon de 1897, Croisy expose un groupe « paysans et enfant », où le jeune garçon n’est autre que son fils Pierre, revêtu d’habits envoyés depuis la Russie. Cet ensemble est destiné à figurer au pied du monument à « la mémoire du grand industriel Ivan Kharitonenko » sculpté par Alexandre Opékouchine, dont Croisy supervise la réalisation. La statue est érigée en 1899 sans le groupe de Croisy.

Soubassement destiné au monument à la mémoire de M. Ivan Kharitonenko
Photo collection particulière

Aristide Croisy, quelques œuvres non retenues

Tout au long de sa carrière, Aristide Croisy participe à des concours pour la réalisation de monuments ou statues, il lui arrive aussi de ne pas être retenu, en voici trois exemples :

En 1879, pour statue de la Défense de Paris. La Préfecture de la Seine organise un concours pour rendre hommage aux victimes militaires et civiles de la guerre de 1870 et du siège de Paris. C’est aussi l’occasion de replacer la capitale dans l’histoire nationale dont elle s’est séparée depuis la Commune de Paris. Il est prévu que cette statue soit posée sur le socle vide où se trouvait auparavant une statue de Napoléon Ier, enlevée en 1870.

Près de cent sculpteurs, dont Rodin, Falguière ou Bartholdi, participent au concours pour La Défense de Paris. Le projet retenu par le jury est celui de Louis-Ernest Barrias (1841-1905). Inauguré en 1883 sur l’ancien rond-point de Courbevoie, d’où sont parties les troupes françaises le 19 janvier 1871, ce groupe sculpté donne son nom au quartier de Paris : La Défense !

Groupe en plâtre, projet d’un monument à la Défense de Paris en 1870
Don de l’auteur au Musée municipal de Sedan vers 1886
Il aurait été détruit lors des bombardements de 1940
Photo Collection particulière

En 1886, pour la statue du Sergent Blandan (1819-1842) de l’Armée d’Afrique à Boufarik (proche d’Alger), concours auquel il participe auprès d’une trentaine d’artistes :

« Le Blandan de Croisy est splendide d’énergie : tête nue, sa capote trouée par les balles arabes, il crie à ses vingt compagnons d’armes : « Courage, mes amis ! Défendez-vous jusqu’à la mort ! » La main gauche tient le fusil dont la crosse repose à terre, la main droite est crispée. La figure avec ses yeux grandement ouverts et sa bouche qui commande la bravoure, est d’une mâle vigueur. C’est beau. Les bas-reliefs sont empoignants. L’un nous montre les vingt et un soldats du 20e régiment de ligne enveloppés par la cavalerie arabe ; l’autre représente Blandan à l’hôpital, décoré par le lieutenant-colonel Morris, au nom du roi ; quand le colonel remet l’étoile des braves au mourant, des soldats présentent les armes et leur chef porte la main au front. C’est d’un très bel effet !
Croisy va, à n’en pas douter, bien attirer le jury vers lui. » peut-on lire dans Le Petit Colon algérien du 30 avril 1886.

Le Sergent Blandan
Plâtre 0,90m Musée de Sedan
Photo Collection particulière

Aristide Croisy sera mis hors concours

« parce qu’un soldat doit avoir son képi en face de l’ennemi ! »

Le statuaire avait naturellement pensé que l’héroïque soldat, mort alors qu’il conduisait un détachement d’une vingtaine d’hommes pour porter le courrier du camp d’Erlon à Boufarik à la redoute de Beni Mered, avait dû perdre sa coiffure dans l’ardeur de la lutte ; le Président du jury a jugé la situation autrement.

Durant l’année 1893 enfin, pendant laquelle un concours est organisé par François Hugues, maire de Saint-Quentin dans l’Aisne, pour l’érection d’un monument commémoratif de la défense de la ville contre les espagnols en 1557.

« Sur vingt-cinq artistes désignés par la municipalité de Saint-Quentin pour prendre part au concours, huit ont répondu à son appel, envoyant de très remarquables projets. Nous comptons parmi eux cinq de nos concitoyens : le vaillant sculpteur Doublemard, l’auteur de la statue de la place Clichy ; Aristide Croisy, le statuaire ardennais qui vient de terminer sa belle figure de Bayard ; Cordonnier, qui triompha récemment à Lille avec son monument à la gloire de Testelin ; le sculpteur picard Hiolin ; et le jeune artiste anzinois Corneille Theunissen.
L’exposition publique est ouverte depuis quelques jours et l’impression des visiteurs et des critiques se manifeste surtout en faveur des maquettes des artistes de la région Nord.
Les projets de MM. Doublemard et Croisy sont fort intéressants et traités avec grand talent ; on y reconnait, du premier coup d’œil, leurs magistrales qualités d’exécution. » Extrait du Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement du 7 mars 1893. L’article complet était paru dans « La Revue du Nord » quelques jours auparavant.

Esquisse pour Saint-Quentin
Photo Collection particulière

Les projets sont exposés dans la salle Vauban. Un référendum accorde une écrasante majorité au projet de Corneille Theunissen qui est choisi par le jury pour la réalisation finale. Celui de Croisy jugé « fougueux et sans vérité historique » est rejeté.

Aristide Croisy, ses œuvres

  • Nisus et Euryale, bas-relief. Second grand prix de Rome en 1863
  • La Foi religieuse, prix de la tête d’expression, en 1866. Salle Caylus, à l’École nationale des Beaux-Arts
  • La Fondation de la ville de Marseille, Salon 1867, bas-relief en marbre, musée des Beaux-Arts de Marseille, envoi de l’État en 1874. Le modèle en plâtre, qui a obtenu le premier accessit au concours de Rome en 1865, a été acquis, par décision ministérielle du 27 décembre 1865, moyennant 1.500 francs. Le marbre a été commandé, le 6 avril 1866, pour la somme de 3.000 francs, dont le solde fut payé le 30 décembre de la même année
  • Portrait de M. le vicomte de L…, Salon 1868, buste en marbre
  • Néréide, Salon 1869, statue en plâtre
  • Portrait d’Émile Augier, Salon 1869, buste en plâtre
  • La Prière d’Abel, Salon 1870, statue en bronze (Paris, palais de la Légion d’honneur) ; cette statue, coulée par Thiébaut pour le prix de 1.200 francs en vertu d’une décision ministérielle du 28 septembre 1868, a été placée dans le palais de la Légion d’honneur. Le modèle en plâtre, exposé au Salon de 1868, avait été acquis la même année par l’État moyennant 2.500 francs.
  • Psyché abandonnée, Salon 1870, statue en plâtre. Cette statue, acquise par l’État au prix de 3.000 francs le 8 juin 1870, a été envoyée au Musée de Bayeux (Calvados) par arrêté ministériel daté de décembre 1878
  • L’Invasion, groupe en plâtre, Salon 1873, projet de monuments aux victimes de 1870-1871 dans les Ardennes, 3e médaille. Groupe décorant le monument des Ardennais tués à l’ennemi en 1870-1871. Ce monument a été érigé, en 1874, à l’extrémité du Cours d’Orléans qui relie Charleville à Mézières(Ardennes)
  • Portrait de M. Lacaille, Salon 1875, avocat, buste en bronze
  • Portrait de M. Toupet des Vignes, Salon 1876, questeur du Sénat, buste en bronze
  • Paul Malatesta et Françoise de Rimini, Salon 1876, groupe en plâtre. Le groupe en marbre. Ce groupe appartenant à l’État, est placé à la Bibliothèque de Charleville (Ardennes). Il a figuré au Salon de 1878 et à l’Exposition universelle de 1878 (Il est en 2023 au Musée de l’Ardennes à Charleville-Mézières où il a fait l’objet d’une restauration)
  • Portrait de M. Gailly, Salon 1877, député, buste en marbre
  • Portrait M. H. Perrin, Salon 1877, buste en plâtre
  • Le Repos, statue en plâtre, Salon 1878
  • Paul Malatesta et Françoise de Rimini, Salon 1878, groupe en marbre
  • Restauration des sculptures extérieures de la chapelle du château de Versailles (années 1875-1879)
  • La Fille aux raisins, Salon 1879, statue en plâtre
  • Portrait de M. H., Salon 1879, buste en marbre
  • Portrait de M. L. Détroyat, Salon 1880, buste en terre cuite
  • Le Nid, Salon 1880, groupe en plâtre a été acquis 2.500 francs par arrêté ministériel du 23 juin de la même année, il a été envoyé par l’État, en 1886, au Musée de Saint-Dizier
  • La Dhuys, Salon 1881, figure allégorique en pierre commandée par le préfet de la Seine. Façade de la mairie du XIXe arrondissement
  • Portrait de M. le docteur Philbert, Salon 1881, buste en terre cuite
  • Le Nid, Salon 1882, groupe en marbre signé A. Croisy 1882. Salon de 1882 et Exposition nationale des Beaux-Arts de 1883. Ce groupe a été placé au Musée du Luxembourg
  • Portrait de Mme P.J., Salon 1882, buste en marbre
  • Le Général Chanzy sur son lit de mort, Salon 1883 Châlons le 5 janvier 1883, statue funéraire placée à Buzancy (Ardennes) sur le tombeau du général, modèle en plâtre
  • Ernest Bradfer, Salon 1883, maire de Bar-le-Duc, statue en bronze à l’asile Bradfer, à Bar-le-Duc (Meuse), buste en marbre au musée de Bar-le-Duc
  • Reconstitution du bassin du Dragon à Versailles, 1883
  • L’Automne, L’Hiver, deux bas-reliefs en pierre pour la Cour du Nord dans l’Hôtel de Ville de Paris, 1883
  • Portrait de Mme K…, buste en marbre, exposition nationale des Beaux-Arts, 1883
  • Le général Chanzy, Salon 1884, statue en plâtre. Statue en bronze, signée Croisy 1884 et A. Rolland fondeur, inaugurée place Chanzy, à Buzancy (Ardennes), le 28 septembre 1884
  • Portrait de Mme B…, Salon 1884, buste en marbre
  • L’Armée de la Loire (1870-1871), Salon 1885, groupe en bronze formant le soubassement du monument érigé au Mans sur la place de la République à la mémoire de Chanzy et de l’Armée de la Loire, monument inauguré le 16 août 1885. Le modèle du groupe a figuré à l’Exposition universelle de 1889. La statue de Chanzy, posée au-dessus de ce groupe, est l’œuvre de Gustave Crauk
  • Le Général Chanzy, Salon 1886, statue en bronze, statue en bronze signée Croisy sculpteur 1885 et A. Durenne fondeur, statue inaugurée sur la place de l’Église, à Nouart (Ardennes) le 18 juillet 1886, Le modèle en plâtre a été donné par l’auteur au Musée de Sedan
  • Portrait de l’amiral Jean Bernard Jauréguiberry, Salon 1887, buste en marbre placée dans la galerie des Bustes au Sénat en 1888
  • Portrait du général Boulanger, Salon 1887, ministre de la Guerre, buste en marbre
  • M. Philippoteaux, député, buste, Musée de Sedan
  • M. Tirman, Salon 1888, gouverneur général de l’Algérie, buste en marbre ;
  • M. Léon Kerst, Salon 1888, buste en bronze
  • Portrait de Mme S., Salon 1889, buste en marbre
  • La Paix et la Concorde, deux grandes figures allégoriques exécutées pour le frontispice du dôme central au Champ-de-Mars lors de l’Exposition universelle de 1889
  • La Ville de Paris protégeant le commerce et l’industrie, grand fronton de la Bourse du Commerce à Paris
Fronton de la nouvelle Bourse de Commerce de Paris
Fronton de la nouvelle Bourse de Commerce de Paris « L’Univers illustré » du 28 septembre 1889
  • Méhul, Salon 1890, statue en bronze érigée sur la place Méhul à Givet (Ardennes)
  • Mme N…, Salon 1890, buste en marbre
  • Louis Niedermeyer (1802-1861), compositeur, buste en marbre, galerie des deuxièmes loges à l’Opéra de Paris
  • Le docteur Lancereau, buste
  • Deux anges, Salon 1891, groupe funéraire en marbre pour M. Kharitonenko à Moscou
  • Motif central de la façade nord du palais de Justice de Grenoble
  • L’Architecture, Salon 1892, Palais du Louvre, Cour Carrée, le modèle en plâtre est placé au Musée de Quimper
  • Toilette de la poupée, Salon 1892, statue en marbre représentant Charlotte, une fille de Croisy
  • Le chevalier Bayard, Salon 1893, Bayard répondant à l’envoyé des assiégeants, siège de Mézières en 1521, statue en bronze inaugurée dans le square Mialaret à Mézières (Ardennes) le 30 juillet 1893, une réplique en bronze a été placée dans la maison de la Légion d’honneur à Saint-Denis en juin 1896
  • Élisabeth et Marie L…, Salon 1893, médaillon en marbre
  • Calvaire, Salon 1894, groupe en marbre destiné à la décoration d’un tombeau en Ukraine
  • La Charge des chasseurs d’Afrique à Floing le 1er septembre 1870, Salon 1894, bas-relief en plâtre faisant partie du monument commémoratif destiné à Sedan
  • Monument commémoratif devant être élevé à Sedan à la mémoire des soldats morts pour la patrie, Salon 1895, le monument a été mis en place en 1897 sans inauguration. Un bas-relief qui en fait partie, représentant la Charge des chasseurs d’Afrique à Floing le 1er septembre 1870, l’esquisse du monument au Salon de 1896
  • M. Margaine, Salon 1895, ancien questeur du Sénat, buste en marbre
  • Portrait du Dr Panas de la Faculté de médecine, Salon 1896, buste en marbre
  • Portrait de Mme Suzanne L…, Salon 1896, buste en marbre
  • Moujik et enfants russes, Salon 1897, groupe en plâtre devant former le soubassement du monument érigé à la mémoire des Kharitonenko (en Ukraine aujourd’hui)
  • Le Général de Boisdeffre, Salon 1897, statuette en bronze
  • Baigneuse, Salon 1898, statuette en bronze
  • Statue équestre du Tsar Nicolas II, présentée à titre posthume au Salon de 1900, elle est offerte au Tsar par Madame Croisy par l’intermédiaire du général de Boisdeffre

Aristide Croisy dans les Ardennes (liste non exhaustive)

Fagnon :

  • Le Calvaire (cimetière)
  • Page (jardin privé)

Charleville

  • Fronton de la Caisse d’Epargne de Charleville
Plâtre qui a servi à la réalisation du fronton de la Caisse d'Epargne de Charleville, bâtiment édifié en 1892
Plâtre qui a servi à la réalisation du fronton de la Caisse d’Epargne de Charleville, bâtiment édifié en 1892
Les personnages représentent l’Agriculture, l’Industrie et l’Epargne
Don de Anita et Catherine Mengozzi, héritières du sculpteur à la commune de Fagnon
Plâtre installé au Foyer Pol Lambert à Fagnon
  • Buste de Gustave Gailly (square de la gare de Charleville)
  • Buste de François-Sébastien Rossat (cimetière de Charleville et Musée de l’Ardenne)
  • L’Invasion (monument disparu)

Mézières

  • Le Chevalier Bayard

Buzancy

  • Le Général Alfred Chanzy sur son lit de mort (cimetière de Buzancy)
  • Le Général Alfred Chanzy en petite tenue (place Chanzy)

Mohon

  • Tombe de M. Brézol (cimetière)

Nouart

  • Statue Général Alfred Chanzy

Sedan

  • Le général Chanzy en grande tenue (Musée, esquisse en plâtre du monument érigé à Nouart, aujourd’hui disparu)
  • Buste d’Auguste Philippoteaux (Musée)
  • Fiat et Spera, Victoire conduisant la jeunesse (Musée. maquette)
  • Le Sergent Blandain (Musée)
  • Porte drapeau (Musée)
  • Pro Patria, monument commémoratif élevé à la mémoire des soldats morts pour la Patrie en 1870 et ses bas-reliefs en soubassement, la Charge des Chasseurs d’Afrique à Floing et la Défense de Bazeilles

Rethel

  • Tombe d’Hippolyte Noiret, industriel, maire de Rethel, conseiller général des Ardennes.

Le monument est béni le 9 novembre 1889 en présence du baron de Ladoucette, député de Vouziers, et de Vidal-Lablache, professeur à l’Ecole normale supérieure.
Les inscriptions, sur la plinthe, à gauche : Ulysse Gravigny Arch ; sur le monument : « Hippolythe – Noiret – ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure – agrégé de l’Université – Membre de l’Ecole Française de Rome – Né à Rethel – le 22 mai 1864 – Mort à Venise – le 9 janvier 1888 – Priez pour lui »
En 1991, la foudre endommage l’édifice et l’édicule est abattu pour des raisons de sécurité ; seule la sculpture subsiste.

Carte postale
Carte postale Rethel Sujet principal du Monument Noiret

Givet

  • Etienne Méhul

Musée de l’Ardenne, Charleville-Mézières (exposé ou en réserve)

  • Nisus et Euryale (Réserves)
  • Paul Malatesta et Françoise de Rimini ; groupe en plâtre (voir plus)
  • Le Moujik (soubassement au monument à la gloire de M. Kharitonenko à Soumy – Ukraine)
  • Saint Jean consolant la Vierge, soubassement du Calvaire de Soumy (Ukraine)
  • Portait de Jean-Baptiste Croisy
  • Buste d’homme
  • Buste de M. H Perrin
  • Buste du général Chanzy ; plâtre, don du Général Féraud, gendre du Général Chanzy en 1926
  • Buste de M. Hazard
  • Buste de Léon XIII
  • Tête de Joseph Maré
  • Edmond-Louis-Alexis Dubois de Crancé, dit Dubois-Crancé ; plâtre
  • Le Nid (version 1882 représentant Jeanne et Marguerite, deux filles de Croisy) ; il s’agit d’une reproduction en plâtre patiné d’un groupe en marbre acquis par l’Etat en 1882 et initialement déposé au Musée du Luxembourg, puis en 1901 au Musée d’Allard à Montbrison
  • L’Industrie
  • Maternité
  • La Curieuse, La Peureuse (vases)
  • Médaillons commandés pour la restauration de l’Hôtel de Ville de Paris, Eté, Automne, Hiver, Printemps
  • La Liseuse, médaillon
  • M. Marthe, médaillon
  • Buste de Mme K..
  • Buste de Zinaida Kharitonenko (fillette)
  • Buste de Gleb Kharitonenko (enfant)
  • Buste d’enfant
  • L’Armée de la Loire (réduction partielle)
  • Le Retour du marin
  • Deux anges (maquette pour un élément du groupe funéraire érigé en Ukraine)
  • La Toilette de la poupée
Portrait d'Aristide Croisy par Tristan de Pyègne
Portrait d’Aristide Croisy par Tristan de Pyègne
La Vie ardennaise illustrée 7 août au 14 août 1897

Sources

Nous remercions particulièrement Madame Anita Mengozzi, arrière-petite-fille du sculpteur Aristide Croisy, qui à la lecture de notre article, nous a ouvert son document de travail pour nous permettre d’y apporter des compléments.

Merci à Pavel Kushnirov pour ses précisions à propos des monuments de la ville de Soumy.

  • Dictionnaire des sculpteurs de l’Ecole française au dix-neuvième siècle Stanislas Lami Tome premier A-C 1914
  • Dictionnaire encyclopédiques des notabilités contemporaines par Charles Mallet
  • Qué nouvelles à Fagnon ? Nouvelle série – Numéro 2 – Spécial Souvenir
  • Journal Les Courrier des Ardennes
  • Journal Moniteur de la Moselle Mardi 13 octobre 1874
  • Journal Le Panorama L’Ukraine Sumy N°50 du 15 au 22 décembre 2004, article écrit par P.V.Kushnirov, G.R.Konovalova
  • Aristide Croisy: images sculpturales de Zinaida et Gleb Kharitonenko, article écrit par P.V. Kushnirov, A. Mengozzi par Sumska starovina 2012 N° XXXVIII-XXXIX
  • Revue septentrionale 1895/1896
  • TAP Croisy fige l’Histoire dans la pierre, Supplément au journal Charleville-Mézières Notre Ville N° 38
  • Le Groupe de l’Invasion édité à l’occasion de l’inauguration de ce monument, à Charleville le 27 septembre 1874, Charleville, Imprimerie et lithographie F. Devin
  • Revue Historique des Armées, Les racines d’une commémoration : les fêtes de la Revanche et les inaugurations de monuments aux morts de 1870 en France (1871-1914), Rémi Dalisson
  • La Revue du Musée d’Orsay Printemps 2005 N°20 Aristide Croisy par Anne Pingeot
  • Chanzy Un Ardennais dans l’Histoire, Gilles Deroche, Société d’Histoire des Ardennes
  • Archives départementales des Ardennes
  • Archives municipales de la ville de Charleville-Mézières
  • Médiathèque Voyelles de Charleville-Mézières
  • www.ardenne-wallonne.fr
  • www.lesamisdebayard.fr