Le crayon de papier, crayon de bois ou crayon graphite, quelle que soit son appellation en France, est l’outil de dessin et d’écriture le plus simple et le plus banal de notre environnement quotidien.
Depuis l’Antiquité, l’usage du stylet est très répandu, sa pointe de métal ayant été très longtemps utilisée pour écrire ou dessiner. Chez les Romains, le stylet est constitué de plomb, puis d’un alliage de plomb et d’étain, d’où le terme de mine de plomb couramment employé dans le langage.
Au Moyen-Age, des sortes de mines sont utilisées, on les entoure de bois pour les protéger de la casse.
C’est au XVIIe siècle, en 1564 pour être plus précis, que l’on découvre dans le Comté de Cumberland au nord-ouest de l’Angleterre un nouveau minerai. La légende veut qu’un violent orage se soit abattu sur un vieux chêne à Borrowdale près de la ville de Keswick. En se déracinant, il met à jour un gisement de minerai noir et luisant. On pense alors que c’est un matériau semblable au plomb et on lui donne le nom de plombagine (signifie une sorte de plomb en anglais). Il s’agit en fait de graphite, une forme de carbone.
La popularité de la plombagine anglaise s’étend rapidement à travers l’Europe. Sa valeur grimpe à des sommets astronomiques. Les mines et les convois de minerai sont protégés et surveillés. La vente à l’étranger est interdite, sauf sous forme de crayon. Les manufactures de crayons fleurissent en Angleterre avec une exclusivité totale d’exploitation.
Dans son ouvrage De rerum fossilum publié en 1565, le zurichois Conrad Gessner (1516-1575) parle de la plombagine anglaise et de ses propriétés fabuleuses d’écriture. Il conçoit le dessin d’un prototype de crayon à mine ou portemine ; 450 ans plus tard, un artisan allemand, Cleo Skribent lui donne enfin le jour et le nomme Der Gessner.
L’invention du crayon que l’on connaît aujourd’hui est due indépendamment à l’autrichien Joseph Hardmuth (1758-1816) en 1790 qui fonde une fabrique à Vienne et au français Nicolas-Jacques Conté (1755-1805) en 1794.
Cette invention du crayon par Nicolas-Jacques Conté est décrite dans Le Bulletin de la Papeterie, le journal des papetiers, marchands et fabricants de papiers, graveurs, imprimeurs, relieurs, etc… daté d’octobre 1890 :
« Nous avions donc été depuis 1570 tributaires de l’étranger, notamment de l’Angleterre. Or, en 1794, la guerre est déclarée à l’Angleterre et les produits de ce pays n’arrivent plus sur nos marchés. Ce pays avait le monopole de la production du graphite qu’on extrayait de la seule mine de Borrowdale dans le Cumberlandet qui servait à la fabrication des crayons de graphite brut.
Il fallait procurer promptement à nos ingénieurs, à nos officiers, des crayons à dessiner. L’agence des mines était dans le plus grand embarras. On s’adressa à Conté, l’homme à qui il suffisait de commander une découverte et qui cette fois encore, ne déçut pas la confiance que l’on avait en son intelligence facile et de toute ressource.
Il créa une substance propre à remplacer la plombagine anglaise, il imagina un crayon artificiel ayant toutes les propriétés des crayons de mine de plomb (sic) de qualité parfaite et de prix moindre. Le problème était résolu. La France était dotée d’une branche d’industrie nouvelle et délivrée d’un tribut payé à l’étranger. Le désintéressement de Conté était tel qu’il fallut presque le contraindre à prendre un brevet. »
Nicolas-Jacques Conté obtient en effet un brevet pour son invention le 3 janvier 1795, et crée une manufacture de crayons avec l’aide son frère. À sa mort en 1805, son gendre et ses descendants reprennent l’affaire.
Depuis ce temps, le procédé de fabrication des crayons n’a pas ou peu changé. Les machines ont évolué, rendant les tâches plus faciles.
Les principaux fabricants de crayon en Europe depuis son invention sont :
- Milieu du XVIe siècle Keswick Angleterre
- 1790 Hardtmuth Vienne Autriche et en 1848 Ceske Budejovice République Tchèque
- 1795 Conté France (Paris puis Régny)
- 1915 Caran d’Arche Genève Suisse
- 1915 Cretacolor Vienne Autriche
- 1675 Staedtler Nüremberg Allemagne
- 1760 Faber-Castell Nüremberg Allemagne
- 1800 Lyra Nüremberg Allemagne
- 1855 Schwan-Stabilo Nüremberg Allemagne
Pourquoi autant de fabricants à Nüremberg devenue ainsi la Capitale européenne du crayons ? Cela remonte au XVIe siècle, quand il fallait creuser les mines de graphite en Angleterre. Les anglais font appel au savoir-faire des allemands. Parmi ceux-ci, de nombreux habitants de Nüremberg. Quelques-un d’entre-eux ont alors vite compris que l’on pouvait faire fortune avec ce matériau en l’exploitant et en le modifiant selon la méthode de Conté. Nüremberg se trouvant à un carrefour important des échanges entre l’Europe et l’Orient, il y avait de quoi tirer profit de cette invention. C’est pourquoi on a vu fleurir ces manufactures dès le XVIIIe siècle.
Le dernier fabricant français de crayons est la Compagnie française des crayons (CFC), installée à Lay dans la Loire. Cette PME composée d’une vingtaine de salariés s’est positionnée quasi exclusivement sur le marché du crayon publicitaire.
La fabrication d’un crayon
Malaxage
Pour fabriquer une mine de crayon, il faut malaxer deux éléments : du graphite en poudre noire qui donne la coloration et de l’argile en poudre blanche qui sert de liant et conditionne la dureté. Plus on ajoute de l’argile, plus la mine est dure et le trait fin. On ajoute de l’eau pour améliorer la consistance du mélange. Le tout donne une boue onctueuse et liquide.
Séchage
Puis vient le séchage dans des moules filtrant pour en extraire l’eau.
Broyage
Les blocs obtenus ainsi sont broyés et on ajoute un juste un peu d’eau pour obtenir une pâte épaisse.
Pressage
La pâte est mise en cartouche pour le pressage. La pâte sort de la cartouche en formant la mine de crayon. Elles sont coupées au format voulu.
Cuisson
Les mines sont mises au four pour durcir les composants. Le temps de cuisson est différent selon le type de mine finale que l’on veut obtenir.
Pour le bois, on utilise du bois de cèdre ou de tilleul. Les plaquettes inférieures sont placées dans une rainureuse (huit rainures par bloc de bois pour placer les mines). Les rainures sont remplies de colle pour fixer la mine. Puis on dépose les mines dans les rainures. Une planchette supérieure, rainurée également, est posée et pressée sur la première pour enfermer la mine. Découpe des crayons pour leur donner leur forme définitive (rond, ovale…). Peinture et vernissage des crayons avant de passer sur une machine à tailler. Marquage des crayons : logo de la marque, type de mine, etc. Emballage des crayons pour distribution aux négociants.
Les crayons de couleur
La mine d’un crayon de couleur ne contient ni graphite, ni argile. C’est un mélange d’eau, de matières grasses, de liants (cire, résine, colle) auquel on ajoute un pigment pour donner sa couleur. Ce mélange donne une pâte après avoir été chauffée.
La pâte est mise en cartouche pour le pressage. Elle sort de la cartouche en long filet formant la mine de crayon et coupée au format voulu.
Pour les mines de couleur, il n’y a pas de cuisson. Elles sont séchées dans une étuve, puis plongées dans un bain très chaud de cire (ou de corps gras selon le fabricant) qui imprègne la mine.
Les dernières étapes de fabrication des crayons de couleurs sont identiques à celle des crayons de papier.
Le crayon de papier, crayon de bois ou crayon graphite
Outre l’éternel débat sur le pain au chocolat ou la chocolatine… nous pouvons trouver selon nos régions plusieurs appellations pour notre crayon : crayon de papier, crayon à papier, crayon papier, crayon de bois, crayon bois, crayon gris ou simplement crayon comme en Belgique. Voici une carte représentant cette répartition :
Enfin, pour terminer la présentation de notre crayon, en 2012 la question suivante a été posée aux membres de l’Académie française : « Doit-on dire crayon de papier, crayon à papier ou crayon de bois ? »
L’Académie française a répondu :
« Depuis que le crayon à mine a été mis au point par l’ingénieur normand Nicolas-Jacques Conté, il a reçu de nombreuses dénominations : crayon à mine, crayon de bois et crayon à papier. C’est cette expression qui est la plus employée, même si les autres sont correctes. En effet, naguère les élèves avaient une craie à ardoise et un crayon (lui-même diminutif de craie) à papier (ce crayon pouvant bien sûr être en bois ou de bois). »
À noter qu’au Québec, crayon de plomb est la formule la plus utilisée.
La fabrique de crayons Gilbert à Givet
Les origines de l’entreprise sont belges, liégeoises pour être plus précis. Les établissements Piret et Lefèbvre sont établis à Lièges, au 24 de la rue Hors-Château. Ils sont fabricants de plumes d’oies et de cire à cacheter.
Jean-Joseph Piret est né à Liège en 1752, il est juriste-consulte, propriétaire et bailleur de fonds.
Joseph Lefèbvre, né également à Lièges en 1752, est quant à lui fabricant de cires à cacheter et de plumes (d’oies).
C’est en 1826 que MM. Piret et Lefèbvre s’établissent à Givet dans un immeuble avec cour, situé rue des Soupirs (actuelle rue Andrée Bouzy), au pied du Mont d’Haurs, entre les rues de Gomerée et Saint-Grégoire (rues Estivant de Braux et Jules Gilbert de nos jours).
Après y avoir transporté les machines et ustensiles de leur invention, ils s’installent comme le dit leur circulaire :
« Mêmes directeurs, mêmes ouvriers, mêmes matières premières, mêmes procédés, mêmes fonds. »
et de poursuivre :
« Notre intention est de monter ces établissements sur une grande échelle, c’est pourquoi nous avons fait le choix d’une ville où les vivres et la main-d’œuvre puissent nous mettre à même d’accorder une nouvelle faveur. »
Ils ont choisi Givet pour pour ne pas payer les droits d’entrée dans le royaume. Leur unique dépôt continuera à être tenu par J. A. Blanc rue Saint-Martin à Paris.
La clientèle est nombreuse et le facturier couvrant la période 1826 à 1839 donne une centaine de clients belges et français, de la région mais aussi de Lille, Angers, Dinant, Namur, Bruxelles, Liège. Bientôt, le dépositaire parisien n’est plus seul, des maisons de l’est et du nord de la France deviennent aussi dépositaires.
Les livraisons sont assurées par des transporteurs locaux, voituriers principalement. Les transports par eau ne peuvent que partiellement assurer les approvisionnements en matières premières du fait des caprices réguliers de la Meuse. Ce n’est qu’en février 1863 que le chemin de fer assurera la desserte de l’usine.
En 1836, Joseph Piret, 82 ans désirant assurer l’avenir de sa petit-fille et Joseph Lefèbvreélargissent leur association tant en hommes qu’en capitaux. C’est ainsi que les rejoignent Erasme Degrange de Florennes, Jules Henkart et Léonard Gilbert de Liège. Ces trois nouveaux associés achètent les 2/3 de part de l’usine de Givet.
Peu après la signature du contrat d’association de juin 1836, Léonard Gilbert, au vu des différents inventaires, décèle des manquants au passif de l’entreprise et découvre des anomalies dans la gestion de Piret et Lefèbvre. Les deux parties n’étant pas d’accord, l’affaire est menée au tribunal qui décide un jugement arbitral à l’amiable. Celui-ci accorde aux demandeurs Léonard Gilbert, soutenu par Degrange et Henkart, gain de cause tant en ce qui concerne l’inventaire que sur les clauses contractuelles. Grâce aux efforts de l’avocat lors de ce jugement, l’entente entre les protagonistes n’est pas brisée.
C’est lors de la réunion du 10 novembre 1836 que les associés confient la direction de l’entreprise à Léonard Gilbert en ces termes :
« Nous autorisons M. Gilbert, directeur de notre fabrique de plumes, crayons et cire à cacheter, à continuer à y apporter tous les changements qu’il jugera nécessaires. »
En mars 1838, les associés apprennent le décès de Joseph Piret. Sa petite-fille étant son héritière, elle est subrogée pour tous les droits de Piret & Lefèvbre et possède 4/12 du capital.
Devant l’expansion de l’entreprise, les membres du conseil lors de leur réunion du 23 mars 1838, décident d’un contrat d’association dont la raison sociale est Gilbert & Cieet le siège rue Royale à Givet.
Léonard Gilbert est né à Autun en Saône et Loire le 30 janvier 1796 . De condition modeste, la famille de 10 enfants (il est le 5e) voit le père Philibert décéder alors que Léonard a 14 ans.
Le 22 décembre 1815, Léonard s’engage comme volontaire au 60e régiment de ligne en garnison à Autun. Il est nommé sous-lieutenant et en 1823 son régiment prend ses quartiers au Fort de Charlemont. Deux ans plus tard, il épouse à Namur Eulalie de Cauwer, fille de Jean-Joseph, juriste-consulte et avocat. Cette famille est principalement attachée aux comtes de Beauraing.
En 1828, son régiment est désigné pour La Rochelle en côte atlantique. Assuré d’un traitement de réforme pour une période de sept ans, Léonard Gilbert quitte l’armée. Le beau-père de Léonard, administrateur des biens domaniaux des Beauffort-Spontin obtient de ses maîtres, avant de mourir, l’attribution à son gendre de la recette du domaine de Beauraing. Léonard et les siens s’installent donc dans la maison du régisseur du château de Beauraing (pillé et incendié par les révolutionnaires givetois en 1793).
Associé à Piret & Lefèbvre, Léonard Gilbert loue partiellement à Givet un immeuble au coin de la rue Royale (rue Oger actuelle) et de la rue Saint-Grégoire (qui deviendra Jules Gilbert).
Il achètera quelque temps après une maison avec avant-cour de l’autre côté de la rue Saint-Grégoire, maison qui restera au sein de la famille.
Le commerce des plumes à écrire et de la cire à cacheter s’efface progressivement jusqu’à devenir nul en 1849, la fabrication de crayons étant en grande évolution. Le plus célèbre des crayons de la manufacture Gilbert est le Chinois. Créé en 1829 par Piret et Lefèbvre, ce crayon est à ses débuts en bois de cèdre, non teinté et non vernis mais ciré. C’est lui qui le premier envahira le marché français.
Le rapport présenté par le directeur Léonard Gilbert en 1840 indique les achats d’une machine à vapeur et d’une scie. Il est décidé également que la société attaquera en justice tout contrefacteur de ses crayons Gilbert, dont la marque est déposée.
L’année suivante voit l’achat d’un terrain rue Royale au Petit-Givet pour la mise en chantier d’une nouvelle usine de crayons. Ce chantier supervisé par Léonard Gilbert lui-même comprendra une loge de concierge, concierge qui devra être le chauffeur de la machine à vapeur de l’entreprise.
En 1844, la société Gilbert & Cie reçoit le titre honorifique de Fournisseur du Roi, Sa Majesté Louis-Philippe, et obtient un bon résultat à l’Exposition de l’Académie de l’Industrie de Paris.
Au 1er janvier 1851, un nouveau contrat remplace celui de 1838. Le capital est réparti comme suit : Léonard Gilbert 5/12, Charles Henkart 3/12, Erasme Degrange et Georgine Piret 2/12 chacun. L’année suivante suite à un conflit entre les associés, Erasme Degrange se voit dans l’obligation de céder ses parts à Léonard Gilbert.
En 1851, la société est récompensée par une Médaille de Prix à l’Exposition Universelle de Londres, consacrant la supériorité des crayons Gilbert. Ce succès vaut à Léonard Gilbertd’être honoré de la Légion d’Honneur.
Si l’année 1853 est florissante, 1854 est maussade en raison des Guerres de Crimée et d’Italie (1853-1856) qui affaiblissent le marché.
Dans son numéro d’octobre-novembre 1855, le Journal mensuel des Travaux sous la plume de M. Aymar-Bression décrit l’établissement de M. Gilbert et loue la qualité de ses crayons aux différentes graduations, tant pour le dessin artistique que pour les autres usages.
L’Académie nationale, agricole, manufacturière et commerciale fondée en 1830 par ce même Aymar-Bression, avait accordé en 1832 la Médaille de Première Classe à M. Gilbert pour l’excellence de ses crayons. Il est vrai que Léonard Gilbert insiste sur le soin à apporter à la fabrication de ses crayons, notamment sur la nécessité de sonner les crayons afin d’éliminer les défectueux.
À l’assemblée d’octobre 1857, Léonard Gilbert fait part de la découverte par son fils Jules, d’un procédé qui donne à la mine une qualité supérieure (ajout de 200 gr d’acide sulfurique à 1 kg de graphite et 400 gr d’eau, mélanger et chauffer le tout dans une jarre en grès, laver la plombagine pour la débarrasser de l’acide et autres impuretés). Jules reçoit une gratification pour ses travaux.
Le contrat de société de décembre 1861 stipule que Jules succédera à son père à la tête de l’entreprise comme le prévoient les statuts.
Pour lutter contre la contrefaçon de ses crayons, surtout les crayons Chinois, il est décidé que le nom Gilbert ne pourra, quelles que soient les circonstances, être utilisé par un tiers sans l’accord écrit de Léonard Gilbert ou de ses représentants. Des plaintes seront déposées régulièrement à l’encontre des contrefacteurs, notamment Faber de Fürth, vendant des crayons marqués Gilbert & Cie en Belgique, Italie, Turquie. Puis quelques années plus tard, c’est au tour de Auber d’être pris en flagrant délit de contrefaçon.
Aussi, afin de réduire les copies, l’association L’Union des Fabricants protégeant les fabricants de crayons est devenue puissante et redoutée des contrefacteurs. Elle propose contre rétribution, l’apposition de son timbre sur les étiquettes de lots de crayons.
De nombreux soucis d’approvisionnement en bois de cèdre entraînent également des difficultés pour l’entreprise. Le bois de cèdre provient essentiellement des Etats-Unis en raison de sa qualité. Il est en effet très résistant et ne se fend pas. Il est utilisé pour la fabrication des crayons fins ou haut de gamme. Pour les crayons ordinaires, la fabrication se fait en bois de tilleul. La Guerre de Sécession et dans les années futures, un manque de ce bois, affectera la bonne marche et les finances de l’usine. La pénurie de bois faisant augmenter le prix des crayons. Quant au graphite, il provient principalement de Bohème et d’Amérique.
Léonard Gilbert s’éteint le 28 février 1866 dans sa maison de la rue Saint-Grégoire. Il avait selon ses associés « traité les affaires avec la forme et la prudence qui le caractérisait. » Fondateur de la manufacture qu’il dirigea pendant trente années, il la mena à un haut degré de prospérité et de renommée.
C’est Jules Gilbert, son fils qui prend les rênes de l’entreprise conformément aux statuts.
Jules Gilbert est né en Belgique à Namur le 27 mars 1827 chez ses grand-parents. Excellent élève, il suit toute sa scolarité en Belgique. Il restera célibataire et consacrera son temps au bien-être des autres.
Lors de l’assemblée du 17 mars 1866 où il rend hommage à son père, Jules Gilbert annonce que les ventes des crayons se portent au mieux et il se réjouit de la qualité de ses crayons. Il est décidé à réaliser d’importants travaux pour le bien de l’entreprise : nouvelles chaudières, nouveau moulin à broyer, agrandissement des différents ateliers. Il faut préciser que dans tout le temps du fonctionnement de l’usine, les Gilbert ont eu à cœur d’entretenir les locaux et les machines, les remplacer au besoin et se tenir toujours au fait des méthodes de travail des crayons.
En 1870, un nouveau contrat entre les associés est signé. Sont ainsi présents à cette assemblée extraordinaire, les héritiers de Léonard Gilbert (représentant 13/24 du capital), les héritiers de Charles Henkart (5/24), les héritiers de Georgine Piret (6/24). Cette nouvelle société est constituée pour vingt ans. Elle prévoit entre autres comme raison sociale Gilbert & Cie et est basée rue Royale (rue Oger actuelle) à Givet. Le nom de Gilbert reste la propriété des héritiers de Léonard Gilbert. Les secrets de fabrications appartiennent à la société.
Jules Gilbert est nommé Directeur ayant seul la signature.
Lors du conflit de 1870, Givet n’étant pas occupé par les prussiens, l’usine continue à fonctionner malgré un approvisionnement plus que délicat en matières premières.
En 1873, Gilbert & Cie obtient que le bois de cèdre ne soit plus taxé à 30 fr mais à 5 fr (à cette époque le bois de cèdre est considéré comme bois d’ébénisterie).
De même, l’usine est une grande consommatrice de gomme laque, laquelle nécessite l’emploi d’alcool, donc assujetti à la licence des débits de boisson. Faute d’accord, l’utilisation de cette gomme est stoppée au profit du méthylène, moins onéreux, malgré que ce produit soit considéré comme malsain (la gomme laque est utilisée pour dénaturer les alcools servant au vernissage des crayons).
Dans le même temps, toujours des travaux d’amélioration des locaux et une augmentation du salaire des ouvriers pour compenser la hausse du coût de la vie.
En octobre 1874, c’est Philippe Gilbert, frère de Jules qui assiste à l’assemblée des associés. Philippe Gilbert est docteur en sciences et est chargé de la formation des ingénieurs, futurs chefs d’entreprise à Louvain (Belgique). Il sera aussi le médecin des ouvriers de l’usine.
La consommation de crayons est en constante augmentation depuis une vingtaine d’année. Il ressort que cet accroissement a beaucoup plus bénéficié aux concurrents allemands et autrichiens qui ont réussi à s’implanter dans les administrations et les grands établissements d’instruction : École Centrale, École des Ponts et Chaussées, École des Mines entre autres.
Pour endiguer une baisse des ventes, il faudrait que le capital de la société soit augmenté et que la fabrication et la vente des nouveaux produits facilitent l’écoulement des produits traditionnels (mines, porte-mines, crayons…). Philippe Gilbert déplore le manque de moyens financiers pour réaliser les publicités nécessaires et avoir ses propres représentants pour visiter les détaillants.
Il regrette également le manque d’ouvriers et surtout d’ouvrières à Givet. Ce sont de jeunes garçons de 14 à 15 ans qui sont donc embauchés.
Suite à l’achat d’un terrain proche, un laboratoire est créé. En effet, un ingénieur avec des compétences en chimie et en mécanique est engagé pour veiller à la qualité des produits. Cette personne devra en plus parler allemand ou l’apprendre très vite pour suivre et comprendre les revues et articles spécialisés des principaux concurrents.
En 1878, la société remporte la Médaille d’Or de l’Exposition Universelle de Paris. Ce nouveau succès est dû au travail réalisé par Philippe Gilbert qui pour la rédaction de la notice n’a pas hésité à contacter personnellement un grand nombre d’artistes afin d’obtenir leur soutien.
Jules Gilbert est contacté pour reprendre l’entreprise Georges Loizeaux, fabricant de crayons à Poissy qui se trouve en faillite. Il décline l’offre, préférant se concentrer sur l’installation de ses nouvelles machines.
Nouveauté toujours pour l’entreprise vers les années 1880, la fabrication de crayons de couleur de prix moyen vendus en étuis de 12. Dans le même temps, les concurrents allemands inondent le marché avec des crayons de moyenne gamme.
Les journées de douze heures sont courantes dans les Ardennes. Jules Gilbert propose des prestations passant à onze heures trente. Ces aménagements font suite à une proposition de loi déposée à la Chambre en vue de réduire les heures de travail de onze heures à dix heures.
A Givet, le directeur conçoit une tolérance dans les horaires et les temps de pause. Pour les ouvriers des communes éloignées, un réfectoire est aménagé.
En 1884, l’Amérique est en plein développement de l’industrie du crayon. Jules Gilbert pour Gilbert & Cie doit déposer ses marques au Canada comme cela avait été fait l’année précédente aux USA.
En 1885, l’entreprise est de nouveau à l’honneur : Philippe Gilbert est chargé de représenter la société à l’Exposition universelle d’Anvers. De par ses compétences, il revient couronné d’un Diplôme d’Honneur.
Malheureusement en 1887, Jules Gilbert déplore le décès de ses deux frères et associés : Léon et Alfred. Alfred était très estimé des givetois et était aussi à l’occasion le médecin des ouvriers de l’usine. Jules et Philippe, leurs héritiers naturels reprennent leur quote-part dans le capital de l’entreprise.
En 1889, Gilbert & Cie participe cette année encore à l’Exposition Universelle de Paris. Elle obtient cette fois la Médaille d’Or grâce au travail de Philippe Gilbert et de son ingénieur M. Borniche qui se sont dépensés sans compter. Une gratification spéciale est accordée au jeune ingénieur.
Le contrat de société signé en janvier 1870 arrivant à terme (vingt ans), un nouveau contrat est signé en 1890. Les clauses restent les mêmes, excepté la durée qui passe à cinq ans. Les signataires sont Jules et Philippe Gilbert, les enfants de Charles Henkart et enfin Jules Chefnay représentant la famille Piret.
Lors de l’assemblée annuelle de 1891, Jules Gilbert fait le récit de ses quarante huit années passées à la société, donc vingt six à sa direction. Il remercie les associés pour leur aide et annonce sa retraite prochaine. Il présente alors son neveu Paul pour lui succéder.
Paul est le second fils de son frère Philippe et est ingénieur de l’université de Louvain. Il remplacera trois ans plus tard l’ingénieur M. Borniche qui quitte l’usine pour reprendre une affaire de papier fantaisie. C’est Paul qui met au point les nouvelles machines à polir, couper et marquer les crayons.
Le 4 février 1892 meurt Philippe Gilbert qui a beaucoup donné à la société. Il était Docteur en sciences physiques et mathématiques et membre correspondant de l’Institut de France. En 1855, à peine âgé de vingt trois ans, il était nommé professeur extraordinaire à l’Université Catholique de Louvain avec la charge d’y enseigner les mathématiques supérieures. Il prendra une part prépondérante dans la création à l’Université Catholique de Louvain des Écoles Spéciales des mines, du génie civil, des arts et manufactures.
À cette époque, la ville de Givet se développe considérablement (urbanisation de la gare et de la place Méhul). Le Génie militaire met en vente les terrains libérés par le démantèlement des fortifications. Jules Gilbert tenant à préserver son usine et ses ouvriers, réussit à acheter le coteau du Mont d’Haurs qui surplombe la fabrique. La ville désire aussi vendre l’asile, c’est-à-dire la crèche Sainte-Anne, celle-ci étant enclavée dans les bâtiments de l’usine, Jules attend le meilleur moment pour acheter. Ce sera chose faite en 1894. L’immeuble sera dans un premier temps loué aux ouvriers de l’usine avant d’être affecté à des fins industrielles.
L’usine Gilbert fait aussi travailler des entreprises locales. C’est le cas pour l’imprimerie Henri Lauth qui s’est installée à Givet après avoir fui sa région alsacienne après 1870. Cette maison édite notamment les étiquettes de la fabrique de crayons et des industries textiles de la région. Les colles sont fournies par les maisons Michaud et Estivant, tout deux basés à Givet.
Des lauriers encore en cette année 1887 pour la société : elle décroche un Diplôme d’Honneur du Jury de l’Exposition internationale de Bruxelles, classe des Arts Graphiques. Paul Gilbert avait la charge de cet événement.
Quant à Jules Gilbert, il reçoit la Croix de l’Ordre de la Légion d’Honneur en 1898.
Nouvelle Médaille d’Or lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900 pour Gilbert & Cie.
Outre les concurrents étrangers, allemands et autrichiens en grande majorité, de nouvelles unités de fabrications s’installent en France : Poure & Cie à Boulogne-sur-Mer et Aubert à Francheval (celle-ci fera faillite quelques années plus tard, Gilbert & Cie rachètera à bon prix des matières premières et des machines).
En 1902 enfin et selon les préconisations de Philippe Gilbert quelques années auparavant, les crayons Gilbert & Cie se lancent dans la publicité dans l’Annuaire Bottin, les Indicateurs Chaix des Chemins de Fer, l’Annuaire du Commerce, le Journal de la Papeterie, le Moniteur du Dessin, le Journal des Syndicats pour les plus connus.
On recherche toujours de nouveaux marchés pour les ventes et Paul Gilbert est en pourparlers pour la fourniture de ses crayons aux Chemins de Fer français. On profite de ces changements pour modifier les présentations des étuis et boites de crayons.
Jules Gilbert décède le 14 décembre 1903 dans sa maison de Givet, rue Jules Gilbert (actuelle Maison des Rencontres). Le changement de nom de la rue Saint-Grégoire s’était fait en son honneur et de son vivant par vote du conseil municipal de Givet en date du 21 mai 1884.
Jules Gilbert est resté très ouvert dans la gestion de son entreprise. Il se distinguait par un grand esprit de famille avec laquelle il faisait prospérer l’entreprise.
Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier d’Académie, Délégué cantonal, Président de la Société de Secours Mutuel, Président d’Honneur de la Mutuelle Scolaire, il est inhumé au cimetière de Givet le 17 décembre 1903.
Jules Gilbert n’ayant pas d’enfant, c’est son neveu Paul qui prend la succession à la direction de l’entreprise, conformément à ses vœux et aux statuts. Il est le fils cadet de Philippe Gilbert et est Ingénieur des Mines. Né en Belgique et de père français, il est de nationalité française. Il avait rejoint son oncle quelques années plus tôt comme second de l’usine.
Dans son premier rapport d’octobre 1903, Paul Gilbert déplore une nouvelle fois la mauvaise qualité du bois de cèdre. De plus, il faut encore et toujours faire face à la contrefaçon et à la concurrence des fabricants allemands qui se sont implantés dans de nombreux pays. Malgré tout, à Paris ses démarches ont abouti pour réinscrire les crayons Gilbert au cahier des charges des écoles et la société prend désormais les commandes de fournitures des Chemins de Fer de l’État.
En 1906, le marché s’oriente un peu différemment : la fermeture des écoles libres qui achetaient des crayons de qualité se fait sentir tandis que les écoles et lycées de l’État tournent leurs achats vers des crayons bon marché.
Nouveaux lauriers pour Gilbert & Cie qui participe au Concours International en vue de l’Enseignement du Dessin.
Puis participation en 1905 à l’Exposition Universelle de Lièges où elle remporte la mention très enviée de Hors Concours. Paul remercie chaleureusement son frère Eugène pour son investissement.
Dans ces années 1906 à 1910, beaucoup d’usines s’ouvrent sur Givet et sa région proche, faisant monter les salaires. La main d’oeuvre est difficile à trouver d’autant plus que les Chemins de Fer de l’Est offrent aux ouvriers des abonnements à bas prix.
De gros efforts sur la publicité sont enfin réalisés : un luxueux tarif est imprimé chez A. Waton de Saint-Etienne. Puis ce sera au tour d’une carte postale représentant un soldat français armé d’un crayon Gilbert, défendant son territoire contre deux soldats bavarois et autrichien. Dix mille de ces cartes sont rapidement épuisées.
Il est à noter également la belle activité du dépositaire La Compagnie des Plumes qui grâce à sa publicité pour les crayons Chinois, réalise de fortes ventes.
Des vitrines pour papetiers sont réservées aux crayons Gilbert – Grandes Écoles. Cela s’avère une heureuse initiative car le chiffre de vente des crayons de qualité est en nette augmentation.
En 1912, un nouveau tarif est imprimé. Gilbert & Cie fait éditer dans le même temps un tableau artistique qui sera accroché dans les salles de dessins.
Face à l’énorme concurrence allemande pour la vente de crayons à l’étranger, Paul Gilbertconcentre alors tous ses efforts sur la France où il ne paie pas de droits de douane. Il s’associe à MM. Perigot-Mazures, fabricant de papiers à Arches pour approcher les professeurs de dessin, les architectes, les administrations.
L’assemblée d’octobre 1913 sera la dernière avant le conflit de 1914-1918. Paul déplore le décès de Charles Henkart qui était présent à tous les conseils depuis 1891. C’est son fils Charles-Emile Henkart qui représentera sa branche dans l’entreprise.
Août 1914 : Givet, relativement épargné lors de l’offensive allemande est occupé pour toute la durée de la guerre. Paul Gilbert et sa famille se rendent à Paris. C’est de là que Paul tente de sauvegarder les intérêts de Gilbert & Cie. Il s’engage et met ses compétences d’ingénieur au service du parc des voitures de la place de Paris. Il est nommé officier et décoré de la Croix de Guerre. Il est détaché à plusieurs reprises près du gouvernement belge à Honfleur (la capitale belge s’est repliée à Sainte-Adresse, en Normandie lors du conflit 1914-1918). Il peut de cette manière obtenir des informations sur le reste de sa famille en Belgique et son usine de Givet.
A Givet, l’usine est confiée à M. Beautour. Malgré des conditions de vies difficiles et épaulé par Eugène Gilbert (frère de Paul), il fait en sorte de venir en aide aux familles de leurs ouvriers.
Novembre 1918 donne la victoire aux Forces alliées, mais pour Paul cette victoire est amère : les 18 et 19 octobre 1918, il perd son fils Eugène, mort au front pour la France et sa fille Marie, religieuse décédée à Lourdes de la grippe espagnole.
Paul Gilbert est un des premiers à rentrer à Givet et à se remettre au travail. Il faut relever l’entreprise qui a souffert des réquisitions. De nombreuses machines ont été emportées par l’occupant, ainsi qu’une grande quantité de marchandises et matières premières : bois de cèdre, graphite, le tout représentant une bonne année de travail.
Dès 1919, Paul Gilbert s’emploie à la remise en marche de l’usine : déblaiement en janvier, remise en route des machines à vapeur en juillet, premier broyage des mines et sciage du bois en septembre.
Dans le même temps, il dépose son dossier de dommages de guerre à la commission cantonale de Givet le 6 août 1919. Après de nombreuses démarches auprès de l’ORI (Office de Reconstitution Industrielle), il obtient le 10 juillet 1920 un dédommagement de 755 000 fr sur les 836 000 fr demandés.
À l’assemblée du 18 octobre 1920, Paul Gilbert, directeur annonce : « Après l’armistice, la Compagnie Française des Plumes renouvelant ses offres d’avant guerre, nous a proposé une fusion complète ». Celle-ci est entérinée et réalisée au 1er février 1921.
C’est une union et non une fusion avec une usine de crayons concurrente. Il s’agit avant tout de posséder une assiette financière suffisante et de promouvoir un large réseau de vente, ce qui fut toujours le point faible de Gilbert & Cie.
Cette fusion entre Gilbert & Cie et la Compagnie Française des Plumes et Porte-Plumes(ancienne maison Bar à Boulogne-sur-Mer Sermajor) devient la Compagnie Française des Plumes, Porte-Plumes et Crayons Fabrique Sermajor.
Les activités de l’usine de Givet sous la direction de Paul Gilbert aidé de son ingénieur M. Mercenier, se confondent désormais avec celle de la Compagnie Française des Plumes, Porte-Plumes et Crayons Fabrique Sermajor. Pour l’aider, Paul Gilbert fait appel à son neveu Philippe Gilbert, le fils de son frère Eugène.
Philippe Gilbert est né à Louvains le 29 mars 1893. Lorsque la guerre éclate, il termine sa seconde année d’études d’ingénieur électricien. Dès août 1914, il s’engage. Fait prisonnier, il s’évade et quitte la Belgique en 1915. Au front, il devient officier de l’armée belge. Il reprend ses études aussitôt après la guerre.
En 1921, il est à Givet au côté de son oncle. En 1928 par arrêté royal, il obtient d’ajouter à son nom le patronyme de Cauwer, en hommage à son aïeule Eulalie de Cauwer, l’épouse de Léonard fondateur de l’entreprise familiale.
Le 12 février 1930 devant notaire à Givet, la société Gilbert & Cie est dissoute. C’est Philippe Gilbert de Cauwer qui est chargé de cette liquidation.
Paul Gilbert décède le 27 décembre 1929 dans la maison familiale acquise par son grand-père. Il était Ingénieur civil des Mines, Lieutenant de réserve, Directeur de la Manufacture de Crayons Gilbert, Président du Conseil d’Administration de la Compagnie Française des Plumes, Porte-Plumes et Crayons Fabrique Sermajor, ancien Président de la Société de Secours mutuel de Givet, Vice-consul honoraire de Belgique, Membre du Conseil paroissial.
Le 12 novembre 1930, l’assemblée générale de la Compagnie Française des Plumes, Porte-Plumes et Crayons Fabrique Sermajor nomme administrateur René Boucher, gendre de Paul Gilbert. René Boucher représentera la famille Gilbert au conseil jusqu’à son décès le 5 février 1974.
En avril 1931, Philippe Gilbert de Cauwer quitte l’usine de Givet pour raisons personnelles. Il remet les pouvoirs à MM. Vergneault et Beautour. Il est le dernier patron de la lignée.
En 1935, devant des difficultés sociales et politiques que traverse la France, la Compagnie Française des Plumes, Porte-Plumes et Crayons Fabrique Sermajor décide d’ouvrir une usine à Hastière en Belgique, proche de Givet. Cette fabrique unique en Belgique sera surnommée la Capitale du Crayon et fermera ses portes dans les années 1969-1970. L’un des fils de Philippe Gilbert de Cauwer, Jean Gilbert travaillera encore vingt cinq années comme responsable commercial pour cette usine de Hastière.
En 1936, une Association Plumes Et Crayons (APEC) est créée afin de commercialiser les produits finis de Baignol & Farjon, Blanzy-Poure et Sermajor Gilbert.
Dans les années 1939-1940, l’usine de Givet est transplantée à Saint-Aubin-lez-Elboeuf (Seine-Maritime) pour diverses raisons : tout d’abord mettre à l’abri d’un conflit que l’on pressent son unité de production, puis se rapprocher d’un port pour les approvisionnements tout en étant proche de la capitale Paris.
Cette usine de Saint-Aubin-lez-Elboeuf et celle de Boulogne sont détruite durant la guerre 1939-1945.
Grâce à de très bons dommages de guerre, l’usine de Saint-Aubin-lez-Elboeuf est reconstruite et entièrement consacrée aux crayons.
La Compagnie Française des Plumes, Porte-Plumes et Crayons Fabrique Sermajor et Blanzy-Poure fusionnent pour devenir Gilbert & Blanzy-Poure.
Puis en 1960, la société Conté tombée en faillite est reprise par Gilbert & Blanzy-Pourepour devenir Blanzy-Conté-Gilbert. Elle absorbe dans le même mouvement Azur-Plastics, société marseillaise fabricante de règles graduées.
Enfin, dans les années 1979-1980, Marcel Bich, appelé également Baron Bich et fondateur du groupe Bic prend la majorité dans Blanzy-Conté-Gilbert. Il ne garde que la raison sociale prestigieuse à son goût de Conté S. A..
Sources
La revue Ardennes Wallonne, cercle d’histoire régionale de la Pointe de Givet et des Terres limithophes
Pierre Hubert : 150 ans de vie givetoise (1789-1940) Collection Terres Ardennaises
Terres Ardennaises Numéro 82
Mémoire en Images Givet Daniel Higuet
RCA Le magazine de la Région Champagne-Ardenne
Bibliothèque Gallica
L’Echo Belgique
Inventaire du patrimoine de Champagne-Ardenne
Conté à Paris
Section des Membres de la Légion d’Honneur
Le passé industriel de Saint-Aubin-les-Elbeuf
Le site de la Légion d’Honneur Léonard Gilbert
Le parler de nos régions